vendredi 17 mai 2024
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Santé Québec

Dubé a trouvé ses deux premiers «top gun»

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Geneviève Biron sera la première présidente et cheffe de la direction de Santé Québec. Photo : Courtoisie

29 avr. 2024 02:13

Le gouvernement du Québec a approuvé, ce matin, la nomination de la toute première présidente et cheffe de la direction (PCD) de Santé Québec, Geneviève Biron.

Aussitôt, Mme Biron a procédé à une première nomination en choisissant Frédéric Abergel, président-directeur général du CHUM, à titre de vice-président exécutif aux opérations et à la transformation de Santé Québec.

«Je suis très fier du duo de dirigeants que nous nommons aujourd'hui. Comme je l'ai mentionné à plusieurs reprises, la complémentarité d'une personne provenant de l'externe combinée à une personne de l'interne nous amènera à réfléchir et à agir différemment, et ce, en continuité des efforts d'amélioration qui ont été faits par nos équipes dans les dernières années. Tant Geneviève Biron que Frédéric Abergel possèdent toute l'expérience et les qualités requises pour relever ce défi, et ils incarnent tous les deux la vision d'un système de santé et services sociaux plus humain et plus performant. Surtout, nous partageons tous un but commun : offrir un meilleur accès au réseau de la santé et des services sociaux aux Québécoises et aux Québécois», s'est réjoui Christian Dubé, ministre de la Santé.

Geneviève Biron, qui commence dès aujourd'hui un mandat de trois ans, est une entrepreneure ayant œuvré pendant plus de 30 ans dans le domaine des services de santé et ayant occupé la fonction de présidente et cheffe de la direction pendant plus de 15 ans.

Éviter les conflits d'intérêt

Sous sa gouverne, le fleuron québécois Biron Groupe Santé s'est positionné, en quelques années, comme «leader en services de diagnostics médicaux». Elle a aussi fondé et bâti le plus important réseau de cliniques d'imagerie médicale au Québec, Imagix. Elle a quitté Biron Groupe Santé en 2021. Depuis, c'est à titre de fondatrice et de présidente de Propulia Capital qu'elle participe à l'essor d'entreprises en phase d'amorçage et de croissance.

Québec assure que comme prévu dans la Loi sur la gouvernance du système de santé et de services sociaux, Mme Biron «s'est engagée à prendre les mesures nécessaires pour éliminer tout conflit d'intérêts potentiel, en lien avec ses activités professionnelles ou celles des membres de sa famille».

Pour ce faire, elle se dégagera des décisions dans ses investissements qui pourraient toucher le secteur de la santé au Québec. Par ailleurs, elle mettra en place un écran déontologique entre elle et les membres de sa famille. Cet écran prévoit qu'aucun échange ne soit possible relativement à tout dossier lié au domaine de la santé dans lequel sa famille ou son mari pourrait être impliqué sur le plan professionnel et qui pourrait avoir un lien avec Santé Québec ou les institutions ou organismes que Santé Québec chapeaute.

«C'est un grand privilège d'être la première présidente et cheffe de la direction de Santé Québec. Comme les Québécois, je suis d'avis que les choses doivent changer dans notre réseau. En s'organisant autrement, nous pouvons faire beaucoup mieux, autant dans les soins que dans le service. J'entreprends ce mandat avec une grande priorité à l'esprit : améliorer l'accès aux soins et aux services. Avec l'équipe de direction de Santé Québec qui sera formée au cours des prochains mois, nous aurons l'occasion de poser un regard différent sur la situation. Dès maintenant, nous nous mettons au travail pour rendre le réseau plus humain et plus performant», a déclaré Geneviève Biron.

Réception glaciale

À la suite de l'annonce, la nomination de Geneviève Biron a été accueillie avec des craintes par les syndicats représentant les employés du réseau de la santé.

«C'est d'une vision sociale que notre réseau public a grandement besoin pour pouvoir assurer l'accès, l'équité et la qualité des services à la population. Mme Biron sera à la tête d'un réseau qui compte plus de 330 000 travailleuses et travailleurs, on ne peut pas gérer un réseau public comme on administre une entreprise privée, avec les mêmes objectifs de rentabilité et de performance. Pour la CSQ, il est primordial que l'humain soit au cœur des préoccupations de la nouvelle agence, tant les patients que l'ensemble du personnel», a déclaré le secrétaire-trésorier de la CSQ, Luc Beauregard.

«Nous espérons que Mme Geneviève Biron, la nouvelle PCD de l'agence Santé Québec, comprend le poids immense qui repose sur ses épaules, car ce n'est pas une énième réforme de la structure du réseau qui va le rendre plus efficace : le ministre peut secouer les colonnes du temple autant qu'il le veut, si les professionnelles en soins quittent pour le privé à cause des horribles conditions de travail, ça ne donnera rien», a pour sa part soutenu Julie Bouchard, présidente de la FIQ.

«Mme Biron s'est dite préoccupée des enjeux d'accès à la santé, c'est aussi le cas de la CSN et des milliers de travailleuses et de travailleurs de la santé. Pour nous, les solutions devront passer par le public et c'est pourquoi nous voulons en discuter rapidement avec la nouvelle équipe de Santé Québec. Maintenant qu'elle est à la tête de Santé Québec, ce ne sont plus des clients que Mme Biron devra servir, mais bien des citoyennes et des citoyens qui paient son salaire», a renchéri Caroline Senneville, présidente de la CSN.

«L'avenir de notre réseau public va être confié à Geneviève Biron, une personne venant non seulement de l'entreprise privée, mais ayant également fait directement concurrence à notre réseau public, particulièrement dans le secteur des laboratoires et des services d'imagerie médicale. On donnera la chance à la coureuse dans ces nouvelles fonctions, mais elle a de grands défis devant elle, à commencer par démontrer sa compréhension et son adhésion à la culture du réseau public de santé et de services sociaux», a pour sa part conclu Robert Comeau, président de l'APTS.

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