En mai 2022, le MELCC avait produit une ordonnance à l’endroit de Produits Minéra, une entreprise installée dans le parc industriel de Saint-Flavien. Le ministère demandait à la compagnie de faire différents ajustements à la façon d’entreposer les résidus afin de réduire l’émission de poussières. Une campagne d’échantillonnage de l’air menée en 2021 montrait que l’entreprise était contributrice à la problématique.
«Plusieurs conditions avaient été imposées, dont trois qui ont été contestées, soit celle de recouvrir les aires de circulation d’un revêtement réputé étanche, de limiter la hauteur des empilements à cinq mètres pour la plateforme ouest et de restreindre la capacité maximale d’entreposage à 100 000 tonnes», a expliqué le coordonnateur du secteur industriel à la direction régionale de l’analyse et de l’expertise de Chaudière-Appalaches, Louis Marcoux.
L’entreprise a contesté l’ordonnance devant le TAQ qui a finalement rendu sa décision en mars de cette année. «Le TAQ a confirmé l’ordonnance, mais il a modifié légèrement les mesures prises dans l’autorisation et dans les conditions imposées. La décision est exécutoire et doit être respectée», a précisé la conseillère en contrôle à la direction régionale du contrôle environnemental, Annick Lajoie. Pour certaines mesures, l’entreprise a jusqu’au 31 juillet pour s’y conformer. De plus, une inspection faite par drone montre que les amas ont été recouverts et leur hauteur a été diminuée.
Par ailleurs, le MELCC a confirmé qu’une enquête pénale est également en cours.
Une décision qui ne passe pas
Parmi les modifications à l’ordonnance, la capacité d’entreposage du site a été rehaussée à 140 000 tonnes, ce qui n’a pas du tout passé auprès des résidents des deux municipalités. Ces derniers ne comprennent pas pourquoi le TAQ n’a pas suivi les recommandations du MELCC qui la fixait à 100 000 tonnes.
«On "bouille" par en dedans. On ne dit pas notre façon de penser parce que… Je "bouille". Tout ce qui a été demandé n’a pas été respecté. […] Le but premier là-dedans, c’est la poussière noire. […] On en a notre tas», a lancé Roger Lacasse qui ajoute que la population ne se sent ni respectée ni écoutée.
Photo: Mélanie Labrecque
«Est-ce que le TAQ a été informé et était conscient de la situation géographique de cette entreprise qui est proche d’un périmètre urbain ?», a questionné la mairesse de Laurier-Station, Huguette Charest.
Les craintes touchant la qualité de l’air, la santé et l’impact sur les cours d’eau sont toujours au cœur des préoccupations des citoyens de Laurier-Station et de Saint-Flavien.
«Est-ce qu’il va y avoir un travail dans les prochaines semaines ou mois pour évaluer l’état des cours d’eau à proximité?», a renchéri le maire de Saint-Flavien, Normand Côté. «La municipalité de Laurier-Station avait mandaté, l’année dernière, l’OBV du Chêne de prendre des prélèvements dans les cours d’eau aux alentours et il y avait des niveaux élevés de fer. […] Il y a l’air, mais il y a aussi l’eau à considérer», a rajouté le conseiller municipal William Arsenault.
Rester sur leur faim
Au sortir de la rencontre, les maires des deux municipalités n’ont pas eu l’impression d’avoir eu toutes les réponses aux questions des citoyens.
«Je pense qu’on a un problème de cohabitation et ça aurait dû ressortir dans les audiences», a estimé Normand Côté.
«Les plaintes des citoyens n’ont pas été prises en considération, la quantité de matériel n’a pas été diminuée, elle a été augmentée. Tout ce qui a été présenté va à l’encontre de ce que les citoyens souhaitent et veulent», a soutenu Huguette Charest.
Cette dernière affirme que malgré toutes les mesures d’atténuation, il y aura toujours une certaine quantité de poussière qui sera libérée dans l’atmosphère et ce seront les résidents des rues voisines qui seront perdants. «J’ai encore vu des photos de citoyens et ça n’a pas tant changé depuis quatre ans.»
Parallèlement, autant la MRC que Laurier-Station avaient fait des demandes de moratoire au MELCC pour contenir le développement industriel. Elles ont été balayées du revers de la main par le ministère parce qu’il ne peut pas viser une entreprise en particulier et qu’il n’est pas le bon outil pour empêcher un agrandissement. «Je crois qu’il y a un moyen de faire quelque chose et de respecter les citoyens et prendre une décision qui permettra d’arrêter les demandes actuelles», rajoute Mme Charest.