Le groupe de citoyens a quant à lui appris celle-ci vendredi dernier, le 12 septembre, en voyant le brouhaha du début des travaux d’arpentage. Aucun avis public ni séance de consultations n’ont eu lieu en lien avec la venue du projet.
Pourtant, le lieu convoité ne serait pas banal puisqu’une longue histoire de problématique avec la criminalité a causé le déplacement du parc de planches à roulettes qui s’y trouvait de 2005 à 2014.
Le groupe a donc envoyé une lettre ouverte au maire de Lévis, Gilles Lehouillier, et au conseiller municipal du secteur Saint-Rédempteur, Réjean Lamontagne, conseiller du secteur depuis 2009 au courant de la situation racontée par les citoyens.
Oklana Bouchard, résidente du quartier depuis 50 ans, raconte avoir été victime de plusieurs entrées par effraction, du vol de sa voiture, de menaces et de plusieurs autres événements pendant cette période. Des feux d’artifice avaient également été lancés en direction des maisons, ajoute le voisinage.
Celle-ci souligne également que ce lieu n’a pas été un point de rassemblement et de «haute criminalité» que pendant la période du parc de planches à roulettes, mais aussi avant avec des guerres de rue qui opposaient des jeunes de Saint-Rédempteur et de Charny alors que le parc se trouve à proximité du pont du CN qui enjambe la rivière Chaudière, reliant les deux quartiers.
Les résidents rapportent avoir été témoins de trafic de drogue, d’agressions et de rassemblements importants sur le terrain, mettant en danger la sécurité des nombreux adolescents y participant.
Bien que l’enjeu de la criminalité ait disparu du parc depuis 2014, le retour avec la nouvelle installation est probable pour ces Lévisiens.
«On reçoit des courriels du Centre de services scolaires pour nous mettre en garde contre les gangs de rue qui recrutent dans les écoles secondaires et dans les parcs. [On a l’impression] que la Ville va créer un endroit propice à ça», déplore Geneviève René.
Ils souhaitent rappeler que ce qui les inquiète n’est pas l’utilisation de jour qui serait fait par les familles, enfants ou adolescents, mais plutôt ce qui s’y passe le soir une fois les lumières fermées comme le site est en retrait de la rue et plutôt isolé, en bordure de la rivière Chaudière.
Leur souhait serait donc que la Ville de Lévis se rétracte et déplace le projet dans un parc plus accessible pour assurer l’aspect sécurité du projet. Le groupe de citoyens désire également pouvoir entrer en communication avec la Ville pour pouvoir exprimer leurs inquiétudes et avoir des réponses à leurs questionnements.
Le groupe n’exclut pas d’aller chercher une injonction pour bloquer le projet.
Vision opposée
Pour la Ville de Lévis, la situation ne devrait pas se reproduire en raison d’un changement de clientèle, du type d’installation et d’un changement d’époque.
«[La situation avec le skatepark] a été considérée, mais, d’une part, la clientèle et le type d’équipement sont complètement différents d’un skatepark, surtout d’un skatepark en 2009. C’était quelque chose qui était plus rock’n’roll à l’époque. Maintenant, on a vu vraiment un virement de la clientèle dans les skateparks et là on se retrouve dans un pumptrack pour intermédiaire et débutant. Pour nous, la dynamique qu’on va créer là va être favorable à une appropriation positive du parc plutôt que générateur d’éléments indésirables», explique Christian Drouin, coordonnateur à la vie communautaire avec une majeure sur la planification des parcs et espaces verts à la Ville de Lévis.
«À l’heure actuelle, le secteur se situe à la noirceur donc s’il était propice à un usage indésirable, il serait déjà [utilisé à ces fins]. On ne pense pas que l’équipement soit générateur de cet achalandage. Il n’est pas intéressant pour des jeunes qui voudraient faire du grabuge», ajoute-t-il.
Le coordonnateur souligne également que des solutions sont déjà réfléchies afin de prévenir ou d’intervenir advenant le cas où des événements indésirables surviendraient. Notamment, si nécessaire, un éclairage de nuit pourrait être ajusté dans le parc.
«Chaque année, nous faisons une revue avec notre sécurité civile et on leur mentionne des points qui sont chauds. Eux font des observations de leur part, ils reçoivent des demandes citoyennes et ils veulent confirmer avec nous si nous voyons des endroits problématiques. On travaille régulièrement pour essayer d’augmenter les patrouilles et on travaille aussi avec des organismes au niveau du développement social qui sont là pour nous épauler quand il y a des problématiques de rue», conclut Christian Drouin.
Notons qu’au moment d’écrire ces lignes, le cabinet du maire était toujours en analyse du dossier et n’a pas voulu réagir pour l’instant.