Par Pascal Lapointe — Agence Science-Presse (www.sciencepresse.qc.ca)[1]
Après tout, il a lui-même mentionné le dioxyde de chlore lors des audiences du Sénat, à la fin du mois de janvier en vue de sa nomination comme ministre de la Santé. Il faisait alors référence à «l’ouverture d’esprit» de Donald Trump qui, prétendait-il, «regarde toutes sortes de différents remèdes» contre la COVID.
La communauté en ligne qui y voit une cure aussi bien contre la malaria que contre le cancer et l’autisme est donc devenue «enhardie», notamment sur les plateformes Telegram et Facebook, écrit le magazine Wired dans un reportage paru le 9 juin. «L’activité sur les groupes de soutien aux détergents explose, et les influenceurs réémergent dans un effort pour pousser l’administration Trump à approuver le désinfectant comme traitement grand public.»
Cette molécule, vendue sous différents noms, comme la Miracle Mineral Solution ou la God’s Detox (littéralement : la «Détox de Dieu»), est présentée comme un médicament miracle depuis les années 1990. Mais dans les faits, le dioxyde de chlore, qu’il ne faut pas confondre avec l’eau de Javel, est plutôt vendu pour ses usages industriels : on l’utilise par exemple dans la désinfection des eaux usées, la stérilisation au gaz des équipements médicaux et le blanchiment du papier.
«Nous sommes excités par le fait que Robert F. Kenny Jr soit responsable» du ministère de la Santé, a déclaré à Wired une entrepreneure qui vend un vaporisateur nasal contenant du dioxyde de chlore, et qui a participé le mois dernier, à l’hôtel détenu par la famille Trump en Floride, à une rencontre de «chercheurs de vérité» : celle-ci réunissait autant des «enthousiastes du désinfectant» que des antisémites notoires.
Un des objectifs de ces groupes est, aux États-Unis, l’annulation d’un avertissement de l’agence fédérale des aliments et médicaments (la FDA) sur les dangers que pose ce produit pour la santé. C’est cet avertissement, croient les promoteurs, qui empêcherait les médecins de prescrire du dioxyde de chlore. Ironiquement, l’avertissement a été publié en août 2019, sous la première présidence Trump.