Par Eddy Szczerbinski, astronome amateur et membre du Club Mars de Lévis
Il faut savoir que l’œil a besoin de temps pour s’adapter à la noirceur. En effet, si on laisse du temps à nos yeux pour s’habituer à la noirceur, nous pouvons voir beaucoup plus d’étoiles et d’objets célestes dans le ciel. Pour ce faire, il faut éviter à tout prix de regarder de la lumière blanche (éclairage, cellulaire, lampe de poche, lumière de voitures, etc.). Si vous devez regarder un écran ou quelque chose de lumineux, utilisez une lumière rouge la plus pâle possible. Cette lumière rougeâtre permet de moins affecter la sensibilité des cellules vous permettant de voir. C’est pour cette raison que vous verrez fréquemment des astronomes amateurs être équipés de lumières rouges – un peu comme pour les gens qui développent des photos conventionnelles.
Pour bien comprendre ce fantastique outil que sont nos yeux, il faut parler des cônes et des bâtonnets. Ce sont deux types de cellules situées dans la rétine de l'œil, responsables de la perception de la lumière. Les bâtonnets, plus nombreux et très sensibles à la lumière faible, permettent de voir dans l'obscurité, mais ne distinguent pas les couleurs. En revanche, les cônes, concentrés principalement dans la région centrale de la rétine (la fovéa), sont actifs en pleine lumière et permettent la vision des détails fins ainsi que la perception des couleurs. Comme les bâtonnets sont plus sensibles, mais situés dans notre vision périphérique, cela explique que nous verrons plus d’étoiles dans notre champ de vision périphérique que dans notre champ de vision centrale. J’en parlais dans un article précédemment en lien avec les Pléiades.
Une autre chose importante est la qualité du ciel. Il faut choisir des soirées où le ciel est dégagé. Mais il y a aussi la «pollution lumineuse» à considérer. Vous remarquerez que vous verrez beaucoup plus d’étoiles dans le ciel des endroits qui sont éloignés des villes où des installations éclairées comme les concessionnaires automobiles, les centres de ski ouverts en soirée ou certains carrefours routiers. Pas nécessairement besoin de faire des heures de route pour trouver un endroit où la visibilité sera grandement meilleure, parfois juste une dizaine de minutes le permet.
Si vous être en mesure de voir la Voie lactée, omniprésente dans le ciel, mais très pâle, c’est que vous êtes alors dans un endroit très sombre et plus qu’excellent pour l’observation astronomique. Certains secteurs reculés de Portneuf ou de la Beauce permettent de voir ce grand voile blanc qui s’étend dans le ciel comme un foulard et qui est en fait la lumière provenant de notre propre galaxie, car nous la voyons de l’intérieur et par la «tranche», c’est-à-dire en travers.
Les autres moyens d’observation du ciel ne comprennent pas uniquement les télescopes, mais aussi les jumelles, et c’est ce que je vous recommande d’acheter avant de vous équiper d’un télescope. Soyez très prudents avec les télescopes bon marché que l’on retrouve dans plusieurs magasins à grande surface – ils nuisent au lieu d’aider, car leur mauvaise qualité décourage et brise l’enthousiasme. Un autre avantage des jumelles est qu’elles peuvent aussi servir à d’autres usages sans oublier que plusieurs personnes en ont déjà chez eux.
On ne peut pas terminer sans mentionner aussi qu’un bon cherche-étoiles est nécessaire. Ils sont disponibles à plusieurs endroits et certains logiciels vous permettant d'en découvrir encore plus sur le ciel, comme Stellarium par exemple, sont disponibles gratuitement sur Internet. Notez que Stellarium a aussi un «mode rouge» afin de vous permettre de regarder votre écran d’ordinateur sans trop affecter votre vision nocturne.
Et aussi, n'oubliez pas que l'équipement absolument nécessaire à l'astronome amateur qui sommeille en vous est un bon thermos de chocolat chaud et des vêtements secs et confortables. N'essayez pas d'aimer l'astronomie si vous avez froid et faim!
Bonnes observations!