Le recueil comprend 25 toiles réalisées par Jean-Claude Légaré qui sont accompagnées de poèmes rédigés par Jacques Lessard. Ensemble, ils «explorent le thème profond du silence et ses multiples résonances dans nos vies». Les artistes tentent d’inciter l’observateur à la réflexion, sans toutefois imposer une vision personnelle.
«Sincèrement, j’ai été ravi en voyant le résultat final, puisque j’ai trouvé que ça sortait bien et que ça disait quelque chose sans dire aux gens quoi penser. Ça les incite à voir tout ce qu’une toile peut dégager et ça leur permettra de dégager ce qu’eux veulent en dégager. C’est ma vision à moi, mais cette personne qui va regarder va probablement être conduite à réfléchir, grâce au texte, d’une autre façon», exprime Jacques Lessard.
La méthode de fonctionnement
Ce projet, qui découle de la dernière exposition de Jean-Claude Légaré au Centre d’exposition Louise-Carrier, en 2022, est d’abord basé sur les toiles du Lévisien qui lui évoquaient le thème du silence.
«En sortant de l’exposition, j’avais le goût de garder en mémoire toute l’exposition. J’ai voulu expliquer pourquoi j’ai fait cette thématique-là, qui n’est quand même pas une thématique facile, puisqu’elle traite d’injustices, d’inégalités sociales, d’inconscience sociale et humaine ainsi que de racisme. Ce n’est pas bucolique, il y a beaucoup d’indignation dans ce projet. […] En septembre 2024, j’ai eu l’idée de trouver quelqu’un qui pourrait s’inspirer de chacun de mes tableaux pour écrire des poèmes sur chacun d’eux. J’ai demandé à Jacques et il a sauté dans l’aventure», raconte Jean-Claude Légaré.
Si les deux acolytes ont collaboré pour la première fois lorsque Jean-Claude Légaré a rejoint Le Circuit Temporaire, la troupe de théâtre où Jacques Lessard était le directeur artistique, ils s’étaient un peu perdus de vue dans les dernières années. Quand Jean-Claude Légaré a proposé le projet à son ancien enseignant, celui-ci a tout de suite accepté, puisqu’il aimait ce qu’il voyait et que le thème l’inspirait.
«Il me semble qu’il y a une dégradation sociale concernant l’entraide entre les humains, commente Jacques Lessard. Il y a de plus en plus d’événements qui me portent à croire qu’on s’en va dans un monde qui n’est pas tenable pour l’ensemble de l’humanité. Quand je regardais les œuvres de Jean-Claude, c’est comme s’il me disait qu’on s’en va dans un mur, finalement. On voit que la nature de nos réflexions ne peut venir que du silence. On manque trop de silence dans notre vie, présentement. C’est le thème du silence, mais comme étant le résultat d’un étourdissement constant de notre conscience.»
En observant les toiles, Jacques Lessard s’en est inspiré pour créer ses poèmes de son côté en partant de trois mots, soit un verbe, un nom et un adjectif, qu’il voyait dans les toiles. Pour l’homme de théâtre, la création solitaire a été déroutante par rapport à ses habitudes à travailler en équipe pour le théâtre. Toutefois, il a senti la sensibilité face à l’art de Jean-Claude Légaré et c’est ce qui l’a aidé. C’est d’ailleurs ce que le peintre souhaitait refléter dans ses œuvres, malgré les sujets complexes.
«Il n’y a rien d’explicite dans tout ça. Il y a une subtilité et une douceur. Les tableaux sont traités de façon assez douce, mais les sujets sont durs, c’est sûr», accorde Jean-Claude Légaré.
Si les amateurs ont pu assister à la lecture des poèmes en observant toutes les toiles en grandeur nature lors de l’exposition au Centre d’exposition Louise-Carrier, ceux qui ont manqué l’événement peuvent tout de même observer les œuvres dans le recueil Dérives silencieuses.