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Lettre ouverte

Vers une 10e version du troisième lien?

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Photo : Archives - Gilles Boutin

14 juin 2025 06:00

Depuis plus de 60 ans, on nous parle d’un lien supplémentaire. La quantité d’encre qui a coulé sur le sujet est phénoménale. Dans les années 70, mon père présentait une maquette d’un tunnel à la pointe de l'île d’Orléans dans les kiosques d’Expo Québec. On y rêvait déjà de ce périphérique. Depuis, il y a eu tellement de versions différentes que nous avons cessé de les compter.

Note de la rédaction : Le Journal de Lévis n'endosse aucune opinion qui est partagée dans les lettres d'opinion ou ouvertes publiées dans notre section Opinions. Les opinions qui sont exprimées dans ce texte sont celles des auteurs signataires.

La semaine dernière, le gouvernement nous a présenté une autre idée. Dans les dernières années, on est passé d’un tunnel à 10 milliards et plus, le plus gros tunnelier au monde, à un bitube entre centres-villes. Maintenant, on parle d’un pont-tunnel reliant le chemin des Îles au boulevard Pierre-Bertrand ou Robert-Bourassa à Québec. Pourtant, le 12 juin 2024, le premier ministre se dit favorable à un pont à l’est. La majorité des gens en faveur d’un lien supplémentaire souhaitent boucler le périphérique, éviter de congestionner davantage le cœur de la ville. Si le gouvernement souhaite faire un projet, pourquoi maintenant rejeter la notion de périphérique? 

Pour moi, c’est un manque d’écoute et de respect face aux gens de Lévis. On ignore les compétences de notre milieu, on contourne les besoins exprimés par notre chambre de commerce, le politique et par la Coalition de l’Est. Quand on soulève les obstacles, on nous dit qu’on rencontrera les acteurs après le choix du tracé. 

La ministre des Transports s'est réfugiée derrière les deux journées de «portes ouvertes» qui présentaient quatre corridors en février dernier. Plus de 500 personnes auraient participé. J’y suis passé. Qui a vu les résultats de cette consultation?

Le choix du corridor 2 comprend plusieurs obstacles, mais ne répond pas à des critères essentiels pour moi : l’efficacité du transport des marchandises qui transitent, et ne doivent pas arrêter par Québec ou Lévis et un bouclage adéquat du transport en commun avec une destination judicieuse.

Les infrastructures que nous bâtissons seront là pour des dizaines d’années. On doit se projeter à long terme. Est-ce que le boulevard Hamel est une destination de choix pour la majorité des voyageurs de Lévis?

Vous souvenez-vous du «On verra» du premier ministre? Voici trois questions majeures restées sans réponse :

  1. Valéro achemine le long du chemin des Îles et directement dans le prolongement espéré de grandes quantités de mazout, pétrole, essence et autres dérivés entre l’usine et leur quai pour les pétroliers, situé un peu plus à l’est. Quel est le risque et quelles sont les autres options pour la raffinerie? Au point de presse, on a répondu que des discussions suivraient. «On verra!»;
  2. La Ferme Chapais est de propriété fédérale, avec entente de négociation préalable avec les Premiers Peuples. Comment le gouvernement a-t-il choisi d’ignorer ces éléments? Les Wendat, les Wolastoquey et les Abénakis ont déjà exprimé des volontés de développer les terres avec des investissements culturels, maraîchers, touristiques en plus de logements sociaux prévus et annoncés en janvier par le député Jean-Yves Duclos, alors ministre. La réponse au point de presse? «On verra!»;
  3. On apprend dans les médias qu’en 2021, le corridor 2 avait été classé bon dernier dans les analyses du ministère des Transports, avec une note de 28 %. En quoi les critères ont-ils changé à ce point aujourd'hui? Depuis quand la note de passage est-elle si basse? «On verra!».

Selon l’annonce, c’est le meilleur projet au meilleur coût. Pourtant, il n’y a ni échéancier ni évaluation des coûts.

Encore une fois. 

Les gens de Lévis ont été patients. On mérite des réponses. J’ai l’impression de revivre le jour de la marmotte.

J’ai beaucoup de respect pour Mme Biron et M. Drainville. Ils sont dévoués et aiment la ville. Mais avec le gouvernement, le lien de confiance est rompu. Les ponts sont coupés. Il est encore temps de refuser ce qui affrontera encore trop de désavantages et d’obstacles possiblement insurmontables. Nous devons défendre notre territoire, il ne faut pas se faire imposer un mauvais corridor. Le lien plus à l'est est celui qu'il faut considérer, il est encore temps.

 

Serge Bonin, candidat à la mairie de Lévis, chef de Repensons Lévis et conseiller municipal du district Saint-Étienne

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