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Lettre ouverte

Corruption douce : ces alliances discrètes qui gangrènent nos villes

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19 août 2025 08:09

Qu’avez-vous à gagner à cacher les salaires, les études, les statistiques ou les documents publics qu’on vous demande? Et surtout, pourquoi jouer à la victime lorsque ces informations deviennent publiques et qu’elles provoquent un certain malaise chez les citoyens, les élus de l’opposition ou les médias? Ne confirmez-vous pas, par votre réaction, que vous préférez que ces informations demeurent confidentielles, même si elles sont publiques par définition? Ce sont des questions que je me pose régulièrement en voyant certaines municipalités et MRC agir encore de nos jours.

Note de la rédaction : Le Journal de Lévis n'endosse aucune opinion qui est partagée dans les lettres d'opinion ou ouvertes publiées dans notre section Opinions. Les opinions qui sont exprimées dans ce texte sont celles des auteurs signataires. 

Pour certaines personnes au sein de l’appareil municipal, ces trois simples questions, pourtant parfaitement légitimes, seraient perçues comme du harcèlement ou du dénigrement.

En réalité, pour vous, c’est la publication des documents qui crée un malaise ; pour les autres, ce sont vos décisions elles-mêmes, consignées dans ces documents, qui dérangent. Et vous en êtes à l’origine.

Se scandaliser de leur diffusion publique, c’est détourner l’attention du véritable problème : vos choix et vos actions.

Malheureusement, la politisation de l’accès à l’information est de plus en plus présente dans les municipalités et MRC du Québec, et cela doit cesser.

Pourtant, il n’y a pas si longtemps, dans le monde municipal, la règle était simple : les élus décident, les fonctionnaires exécutent. C’était le contrat démocratique de base, garant d’une saine gestion municipale.

Dernièrement, ce contrat a été déchiré grâce à des alliances malsaines entre fonctionnaires et élus. Aujourd’hui, certains fonctionnaires décident, influencent, orientent l’avenir, fixent les priorités, tracent les orientations, filtrent l’information et imposent leur vision. Ce qui va totalement à l’encontre de leur rôle.

En 2025, de moins en moins de personnes acceptent leur rôle, et on l’entend chaque jour:

• J’ai un rôle X, mais je veux un rôle Y.
• Je suis maire d’une municipalité, mais je veux gérer des dossiers provinciaux.
• Je suis premier ministre provincial, mais je veux diriger le pays.
• Je suis commis d’épicerie, mais je veux un salaire de médecin.
• Je suis une municipalité, mais je veux moi-même construire des logements.

Faut-il vraiment s’étonner que des fonctionnaires agissent de la même manière? Qu’ils dépassent leur rôle au point de décider à la place des élus? Malgré tout, leurs agissements demeurent pitoyables, d’autant plus qu’ils savaient parfaitement dans quoi ils s’embarquaient avant de postuler.

Le problème est clair : ils ne veulent plus être de simples fonctionnaires. Beaucoup sont désormais à la fois petits politiciens et fonctionnaires, alors que seuls les élus détiennent un mandat des citoyens.

Et pourquoi? Parce que la nature a horreur du vide. Parce que les élus ne semblent pas comprendre leur propre rôle. Oui, vous, les élus : vous êtes à la tête de votre municipalité, pas les fonctionnaires. Tout commence par vous. Mais êtes-vous vraiment de bons capitaines? Ou préférez-vous continuer à vous dédouaner au profit de l’administration?

Trop souvent, pour cacher un manque de rigueur, certains élus répondent : «On fait confiance à nos fonctionnaires». Non seulement cela ne veut rien dire, mais surtout, cela confirme que vous ne faites pas ce pour quoi vous avez été élus. Vos citoyens ne vous ont pas élus pour faire confiance… ils vous ont élus pour administrer, questionner, superviser votre municipalité et, surtout, veiller à la bonne gestion de l’argent prélevé dans leurs poches. Les élus sont devenus les cheerleaders des fonctionnaires et ont perdu le courage de remettre en question leurs décisions.

Mais ce changement ne vient pas sans conséquence : il a des impacts très graves sur la démocratie municipale. L’écoute et la transparence sont désormais taillées sur mesure pour protéger certains élus et hauts fonctionnaires au pouvoir.

Le résultat? Un climat toxique de division et de méfiance, où citoyens et parfois même élus de l’opposition se retrouvent muselés, incapables de jouer leur rôle en raison de la politisation de l’accès à l’information.

Vous connaissez l’expression «à géométrie variable»? Dans nos villes, elle signifie que les réponses changent selon à qui on répond. Le vrai pouvoir politique aujourd’hui, c’est ça! Pendant qu’un élu ou un citoyen doit remplir des formulaires interminables pour accéder à des documents, ceux au pouvoir reçoivent tout ce qu’ils veulent, parfois sans même savoir qu’ils l’ont demandé. Magie administrative.

C’est cette technique de géométrie variable et ses impacts que je vais vous exposer prochainement! 

Parce que, oui, trop de fonctionnaires préfèrent baiser la main du maire et de son équipe plutôt que de faire ce pour quoi ils sont payés : servir équitablement tous les élus et tous les citoyens.

Renaud Labrecque, directeur général de la Municipalité de Parisville

 

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