Note de la rédaction : Le Journal de Lévis n'endosse aucune opinion qui est partagée dans les lettres d'opinion ou ouvertes publiées dans notre section Opinions. Les opinions qui sont exprimées dans ce texte sont celles des auteurs signataires.
D’ici la fin de l’année 2026, Lévis souhaite ajouter 2 500 000 pieds carrés de terrains industriels à sa réserve foncière, ce qui porterait le total à 4 500 000 pieds carrés, soit l’équivalent de 78 terrains de
football. À cela s’ajoute le développement prévu de l’Innoparc, avec 2 300 000 pieds carrés supplémentaires. On passe alors de 4,5 millions à 6,8 millions de pieds carrés, soit 118 terrains de football.
Et la dernière pièce du puzzle, la plus inquiétante, se trouve à Lévis-Est, sur les terres de Rabaska : 9 500 000 pieds carrés de terrains industriels supplémentaires. En additionnant ces trois blocs, Lévis prévoit donc s’étendre sur 16 300 000 pieds carrés. L’équivalent de 282 terrains de football d’espace industriel. À l’échelle d’une ville, c’est monumental. À l’échelle d’un territoire nourricier, c’est alarmant.
Car une évidence s’impose : nos élus voient grand, très grand, pour l’industrie, mais beaucoup trop petit pour la protection des terres agricoles. Du CMQ à Québec, en passant par Lévis et les gouvernements
provincial et fédéral, tous semblent partager la même vision de développement : une vision où l’économie à court terme prend le pas sur la souveraineté alimentaire et la préservation des milieux naturels. On planifie des millions de pieds carrés d’asphalte, mais aucune stratégie solide pour préserver les sols qui nourrissent notre région.
Les productrices et producteurs de Lévis tiennent donc à rappeler un message clair aux citoyennes et citoyens de Lévis, Québec et de la Communauté métropolitaine de Québec : il n’est absolument pas
nécessaire de détruire les terres de Rabaska pour y installer des industries, un pont ou une réserve foncière industrielle pour le futur. Avant d’envisager la disparition des meilleures terres agricoles du
secteur, pourquoi ne pas commencer par gérer intelligemment ce qui existe déjà? Les 118 terrains de football disponibles ailleurs sur le territoire suffisent amplement pour plusieurs générations. Il faut que les terres de Rabaska reviennent entièrement en zone agricole et soient protégées dans une fiducie qui en garantira la pérennité.
Protéger Rabaska aujourd’hui, c’est protéger notre capacité de nourrir demain.
Jean-Paul Tardif,
Président du Syndicat de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de Lévis