SOCIÉTÉ. Le jugement et les préjugés de la société envers les femmes sans enfants peuvent être très lourds. Ayant dû faire le deuil de la maternité, Catherine-Emmanuelle Delisle comprend bien cette réalité. À travers son blogue et les conférences, elle souhaite donner une voix à ces femmes. Elle sera de passage dans la région au Centre Femmes, à Saint-Flavien, le 23 avril.
«J’offre cette conférence pour permettre aux gens de mieux comprendre ces femmes. Pourquoi juge-t-on? En général, c’est par méconnaissance, par peur de la différence. Je veux parler d’elles, expliquer ce qu’elles vivent. Pour certaines, ce n’est pas une option. Je souhaite aussi montrer que c’est possible d’être accomplie et heureuse en dehors du modèle et que c’est un choix acceptable de ne pas avoir d’enfant», a-t-elle mentionné à propos de sa conférence Vivre sans enfant : une réalité à découvrir et à reconnaître.
Mme Delisle abordera différents sujets : le deuil de la non-maternité, le choix de ne pas avoir d’enfant, le regard de la société et des médias envers les femmes sans enfant, le parcours de vie sans enfant et les façons d’interagir de manière empathique avec les personnes qui n’ont pas d’enfant. Elle présentera aussi deux entrevues réalisées avec des femmes de son entourage.
«Je mets de l’avant des modèles de femmes accomplies. Elles décrivent ce qu’elles aimeraient recevoir de leurs proches comme soutien, ce qu’elles pensent du regard de la société sur elles. À la suite de ces témoignages, j’anime une discussion avec les participantes.»
Situation difficile
À 14 ans, la conférencière a appris qu’elle ne pourrait pas avoir d’enfants. S’en est suivi un long deuil qu’elle a eu de la difficulté à gérer et qu’elle a pu enfouir en elle pendant des années. Au fil du temps, Mme Delisle a construit sa vie, elle est devenue enseignante, mais la réalité l’a rattrapée dans la trentaine.
«Je n’en pouvais plus. Il fallait que je règle ça. C'était trop intense et j’ai décidé de suivre un genre de thérapie par Internet. À la fin de ce coaching, six mois plus tard, je me suis rendu compte que je me retrouverais encore toute seule avec mes questions. Je me suis demandé ce que je pourrais faire et j’ai créé le blogue femmesansenfant.com en 2012 et j’ai commencé à écrire sur le sujet.»
À travers ses publications, elle donne une voix aux femmes qui n’ont pas d’enfant, que ce soit par choix ou pour des raisons médicales. «Le cœur de mon travail, c’est de les rendre visibles dans la société. Ça fait partie du problème, on n’en parle pas.»
Utile
Catherine-Emmanuelle Delisle estime son travail nécessaire puisqu’encore aujourd’hui, les préjugés sont nombreux envers ces femmes. «Pour beaucoup, ce n’est pas acceptable socialement de faire le choix de ne pas en avoir. On nous dit qu’on devrait, que notre contribution ultime à la société, c’est de faire des enfants.»
Cette façon de penser est la preuve, selon elle, qu’on n’en parle pas suffisamment. Comme pour l’homosexualité, le travail sera long, mais nécessaire pour s’ouvrir à ce choix de vie.