ENVIRONNEMENT. L’entreprise lévisienne Solugen a inauguré officiellement, le 29 octobre, ses premières installations de traitement du lisier de porc. Situées à Sainte-Agathe-de-Lotbinière, elles permettent de filtrer les déjections animales, d’en extraire l’eau et de valoriser la matière résiduelle.
Concrètement, le procédé permettra de récupérer jusqu’à 84 % du volume de lisier sous forme d’eau potable. Les résidus, soit 16 %, pourront être transformés en fertilisants: phosphore, azote et potassium.
Ainsi, les éleveurs pourront augmenter leur production sans acquérir de nouvelles terres et minimiser leur impact environnemental. «Avec notre système, on va éliminer 95% des GES liés à l’entreposage et à l’épandage du lisier ce qui représente la source la plus importante des odeurs et des GES», a indiqué le président de l’entreprise, André Beaulieu Blanchette.
Cette première unité a été mise en service en septembre et pourra traiter jusqu’à 10 000 tonnes annuellement.
«Chez les éleveurs de porcs, on a une devise : responsable par nature. J’y adhère à 100 %. La réalisation de ce projet passait par l’acceptabilité sociale et environnementale. Il nous permettra d’augmenter notre cheptel. Actuellement, à notre site de Sainte-Agathe, on a une production de 600 truies en sevrage hâtif. On veut l’amener à 1 500 truies dans la prochaine année», a indiqué le propriétaire de la ferme SBGB, Sylvain Bouffard.
Ce dernier estime que ces nouvelles installations favoriseront une cohabitation harmonieuse avec ses concitoyens.
Développement
«Le développement durable, c’est l’équilibre entre l’environnement et l’économie. On a une belle preuve qu’il n’y a pas de frein à la production porcine quand on la fait de façon intelligente», a souligné le député de Bellechasse-Les Etchemins-Lévis à la Chambre des communes, Steven Blaney.
La technologie mise au point par Solugen attire déjà l’attention d’autres producteurs de porcs de la Chaudière-Appalaches, mais aussi de municipalités qui y voient une réponse aux inquiétudes des citoyens en matière d’environnement et d’odeur.
Cet intérêt déborde également des frontières québécoises. «Nous sommes déjà en contact avec des gens en Europe. Là-bas, l’eau coûte cher. […] Il manque de terre et l’impact environnemental du lisier est plus important», a souligné M. Beaulieu Blanchette.
Erreur payante
Jusqu’à présent plus de 3 M$ ont été investis dans la mise au point de cette technologie. D’ailleurs, c’est un peu par hasard qu’elle a été découverte.
Le père de M. Beaulieu Blanchette travaillait dans le secteur de la pyrolyse. Au début des années 2000, ce dernier cherchait une façon de filtrer des eaux fortement contaminées. En travaillant sur son système, une erreur de manipulation lui a permis de réduire de 1 000 fois le taux de contamination alors qu’il visait un liquide 10 fois moins pollué.