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Décès de Norah, Romy et Martin Carpentier

Le coroner Malouin critique sévèrement la SQ

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Dans son rapport, Luc Malouin déplore plusieurs ratés de la SQ, dont la gestion de la recherche terrestre. Photo : Mélanie Labrecque - Archives

24 oct. 2023 11:22

ENQUÊTE PUBLIQUE. Le rapport du coroner en chef adjoint du Bureau du coroner du Québec, Luc Malouin, produit à la suite de l’enquête publique qu’il a menée sur les décès de Norah, Romy et Martin Carpentier a été publié le 24 octobre. À la suite de son analyse, Me Malouin suggère notamment plusieurs améliorations aux méthodes d’enquête de la Sûreté du Québec (SQ) pour éviter les ratés rencontrés lors des événements survenus en juillet 2020.

«La hiérarchie policière doit cependant se questionner sérieusement sur son modèle d’intervention en cas d’urgence et prendre acte des problèmes vécus dans le présent dossier afin d’éviter une telle situation à l’avenir», peut-on notamment lire dans le rapport de Me Luc Malouin.

Rappelons d’emblée que le 8 juillet 2020, l’automobile dans laquelle prenaient place les Lévisiens Martin, Norah et Romy Carpentier a été le seul véhicule impliqué dans un accident survenu sur l’autoroute 20 à Saint-Apollinaire. Les trois occupants ont ensuite quitté les lieux vers des boisés situés à proximité.

Le 11 juillet, Norah et Romy Carpentier étaient retrouvées sans vie dans la forêt après avoir été tuées par Martin Carpentier, les deux filles étant respectivement décédées d’un traumatisme craniocérébral contondant sévère et d’un traumatisme crânien contondant sévère. Pour sa part, Martin Carpentier a été retrouvé sans vie le 20 juillet, pendu à un arbre.

Appelée à enquêter sur ces morts, la coroner Sophie Régnière a produit trois rapports d’investigation sur ces décès en 2021. Toutefois, à la suite de nombreuses questions soulevées publiquement par plusieurs intervenants, la ministre de la Sécurité publique de l’époque, Geneviève Guilbault, a demandé à la coroner en chef d’ordonner une enquête publique sur ces décès, confiée à Luc Malouin.

Dans son rapport, le coroner déplore d’abord que des informations recueillies par des policiers à la suite de la sortie de route de Martin Carpentier, tendant vers la piste de la disparition et que M. Carpentier était possiblement dépressif, n’ont jamais été transmises aux enquêteurs ayant pris le relais dans l’enquête. Le tout a empêché le déploiement, dès le début de la nuit du 8 au 9 juillet, de toutes les ressources en place pour effectuer l’enquête.

«Les policiers ont travaillé sans relâche et sans ménager les efforts en début de nuit pour comprendre l’événement, mais je dois constater que dans la hiérarchie policière, quelqu’un, quelque part, a oublié les Guides de pratiques policières, entraînant ainsi des délais indus pour la suite du dossier. […] Je reste avec la conviction que l’on a tardé à traiter le dossier comme le pire des scénarios et que dans la hiérarchie policière, certains ont oublié cette notion essentielle», a résumé Me Malouin.

Manquements pour la recherche

Dans un autre ordre d’idées, le coroner attitré à l’enquête publique estime que la SQ a connu plusieurs ratés en ce qui a trait à la recherche terrestre de Norah, Romy et Martin Carpentier. «La recherche terrestre par du personnel compétent et formé pour ce faire, dans notre dossier, peut se résumer en quatre mots : trop peu, trop tard.»

Selon Luc Malouin, l’équipe de l’unité des mesures d’urgence de la SQ a été mobilisée tardivement, les officiers sur le terrain n’ont pu compter que sur peu de policiers formés en recherche et les recherches «n’ont pas été effectuées suivant les règles de l’art». De plus, il reproche à la SQ de ne pas avoir fait appel à des équipes spécialisées en recherche terrestre du Service de police de la Ville de Québec malgré une entente de service et que des agents de la protection de la faune n’ont été déployés pour les recherches que le 17 juillet, après que le président du syndicat de ces agents de la paix ait fait une offre de services auprès du cabinet de la ministre de la Sécurité publique.

«Somme toute, la SQ a choisi, pour quelque raison que ce soit, de faire cavalier seul. Les choix stratégiques des dirigeants ont certainement nui au bon déroulement des recherches, car on ne peut pas écarter le fait qu’une mobilisation rapide aurait pu changer le cours des choses», a illustré Me Malouin.

Dans un autre ordre d’idées, le coroner conclut que la SQ aurait pu lancer plus tôt une alerte médiatique pour obtenir des renseignements du public plus rapidement sur la disparition de Norah, Romy et Martin Carpentier.

Plusieurs recommandations

Pour éviter que le drame survenu dans la région à l’été 2020 se reproduise, Luc Malouin a inscrit les recommandations suivantes à la SQ dans son rapport :

- De prévoir la présence de deux enquêteurs pour toute disparition d’un enfant de moins de 13 ans;

- De rappeler à tous ses officiers, enquêteurs et policiers l’importance de toujours considérer la disparition d’un enfant de moins de 13 ans comme le pire des scénarios et agisse en conséquence;

- D’équiper les véhicules et les policiers de la technologie nécessaire au partage commun de l’information recueillie lors d’une opération policière;

- De former les policiers de son service d’urgence conformément aux normes nationales en matière de recherches et de sauvetage, et de s’assurer du maintien des compétences et de l’expérience;

- De mettre en place des protocoles de partenariat et de collaboration simples et efficaces avec les autres corps policiers, les agents de protection de la faune et les bénévoles de l’Association québécoise des bénévoles en recherche et sauvetage (AQBRS) et de diffuser ces protocoles à l’ensemble de ses officiers;

- De déclencher rapidement après la disparition une alerte média dans les dossiers de disparitions, spécialement ceux impliquant un enfant de moins de 13 ans;

- De mettre en place un poste de commandement unifié dès le début d’une opération de recherches terrestres;

- D’assigner un technicien en recherche terrestre à ce poste de commandement afin de faire le lien entre les chercheurs et les enquêteurs;

- D’effectuer des rétroactions complètes à chaque fin de journée;

- De mieux rédiger tous les registres des opérations, tant pour le travail d’enquête que pour les recherches terrestres;

- D’assigner deux techniciens en recherche terrestre lorsqu’après les recherches initiales, du personnel supplémentaire est ajouté.

 

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