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Grands jardins

Le gardien des jardins du Domaine Joly-De Lotbinière

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Photos: Mélanie Labrecque et Courtoisie Domaine Joly-De Lotbinière

09 août 2023 09:17

Chef cuisinier, photographe, propriétaire d’une entreprise d’aménagement paysager… les chapeaux que Philippe Martin, l’horticulteur en chef du Domaine Joly-De Lotbinière, a portés au fil des années sont multiples. Toute cette expérience cumulée lui sert aujourd’hui lorsqu’il planifie l’aménagement des jardins du Domaine.

L’histoire entre Philippe Martin et l’organisation remonte déjà à près de 10 ans. Il y a œuvré comme bénévole pendant quatre saisons et en est à son troisième été comme horticulteur en chef. 
Celui qui parle avec passion du travail qu’il accomplit avec son équipe raconte qu’en entrevue pour le poste, il a dû convaincre la direction du plan qu’il souhaitait mettre en branle pour revitaliser l’endroit. «J’arrive de l’aménagement paysager. De grosses jobs, ça ne me fait pas peur», a-t-il lancé.
Petit à petit, il a redonné un coup de jeunesse au jardin des expériences et au jardin d’ombre, par exemple. Il veut aussi donner un second souffle au jardin français. D’ailleurs, il affirme vouloir développer la mission éducative, de conservation et de préservation du patrimoine végétal. 
L’un des plus grands défis est de penser à long terme. Travailler avec le vivant implique qu’il évoluera. «Il faut penser loin, aux floraisons successives, au printemps, à l’été, à l’automne et les hauteurs», a-t-il décrit. 
L’arbre qu’il plante cet été poussera au fil du temps pour magnifier un endroit. Tout comme à l’époque de la famille Joly de Lotbinière, il n’y avait pas d’arbres qui obstruaient la vue sur le fleuve. Aujourd’hui, de grands feuillus bordent la falaise et offrent un point de vue différent.
Son travail c’est aussi de penser à de petits détails comme attirer des pollinisateurs qui butineront de fleur en fleur et des oiseaux qui mangeront les insectes nuisibles.
Respecter l’esprit de l’endroit
Travailler dans un jardin comme celui du Domaine Joly-De Lotbinière implique aussi le respect de l’histoire du lieu et de la vision de Sir Henri-Gustave Joly de Lotbinière. 
«Les jardins ont été faits au moment du courant pittoresque, de l’esprit romantique. On passe d’une zone plus végétative et naturalisée avant d’arriver dans les jardins français qui sont plus travaillés», a-t-il décrit. De plus, il travaille à l’anglaise en plantant les végétaux très près les uns des autres. Les visiteurs peuvent ainsi avoir accès à plusieurs fleurs et plantes en un petit espace. Cette stratégie se veut aussi pratique puisqu’elle favorise la rétention de l’eau et limite la pousse de mauvaises herbes.
Malgré ces cadres, il essaie d’ajouter sa touche personnelle pour améliorer l’espace. «Ma force comme jardinier en chef, c’est d’être paysagiste. J’ai également une formation de décorateurs d’intérieur. Pour moi, l’espace c’est vraiment important. C’est tourner un coin et avoir une surprise, avoir un point focal au bout d’un chemin, avoir des contrastes de couleur et des aménagements dans les mêmes tonalités», a-t-il décrit.
Jardin commémoratif
Sa dernière réalisation est le jardin commémoratif qui se retrouve devant le manoir. «C’est là que les invités se promenaient. L’endroit était fait pour impressionner. À l’époque, il n’y avait rien à l’horizon. Il y avait les plantes et le fleuve. […] Le tracé a été dessiné par Sir Henri qui a envoyé des esquisses à son fils Edmond qui s’est chargé de la création», a expliqué Philippe Martin.
Et, il a été recréé presque à l’identique à partir, entre autres, de photos anciennes. On peut ainsi y admirer un cercle fleuri et se promener dans des sentiers bordés de plantes et de fleurs.
Malgré le cadre qu’il devait respecter, il a réussi à ajouter sa touche personnelle. Il a mis en terre des rosiers, jouer avec les coloris et planté des conifères qui lui donneront une nouvelle dimension dans une dizaine d’années.

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