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Terres agricoles

Chaudière-Appalaches perd des terres cultivables

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Photo : Archives

02 août 2023 08:04

De 1992 à 2015, la Chaudière-Appalaches a perdu 8,3 % de ses terres agricoles alors que la superficie des surfaces artificielles a bondi de 14 %. C’est l’une des informations qui ressort de l’édition 2023 du Compte des terres du Québec méridional produit par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Une situation inquiétante selon le président de la Fédération de l’UPA de Chaudière-Appalaches, James Allen.

Concrètement, des années 1990 aux années 2010, ce sont 263 km2 de terres agricoles qui ont été perdues au profit d’autres couvertures terrestres. Ces terres sont soit tombées en friche et ont constitué, avec le temps, un milieu forestier où elles ont été converties en surfaces artificielles (usage industriel, commercial ou résidentiel).

«L’artificialisation a augmenté de 14 % alors que la population de la région a cru de 9,4 %. Quand on parle d’étalement urbain, on voit avec ces chiffres que c’est vrai», a constaté James Allen.

Pendant cette période de plus de 20 ans, 70 km2 ont été transformés en surface artificielle. À titre comparatif, la municipalité de Dosquet occupe un territoire de 64 km2 et celle de Saint-Anselme, 74 km2.

Terres en friche

Parallèlement, les terres en friches qui se sont reboisées de façon naturelle ou par l’intervention humaine ne peuvent pas être remises en culture, ce que déplore M. Allen. Elles sont soumises au moratoire sur les superficies en culture depuis 2004, qui vise à protéger les cours d’eau qui ont des concentrations trop élevées de phosphore. Il empêche le retour en culture de ces terres situées entre Montréal et Montmagny.

Rappelons que l’Union des producteurs agricoles demande depuis plusieurs années la fin de ce moratoire. «C’est deux poids deux mesures. D’un côté on laisse une terre être reboisée et on perd une terre en culture. De l’autre, si je veux défricher pour remettre une terre en culture, je ne peux pas.»

M. Allen souhaiterait que les MRC de la région épousent une attitude semblable à celle de la MRC des Basques, dans le Bas-Saint-Laurent, qui a adopté une réglementation sur le reboisement des terres agricoles. «C’est l’une des seules MRC au Québec où je dois faire des démarches avant d’avoir l’autorisation de la MRC pour reboiser.»

Le dézonage

L’ISQ note que ces changements sont particulièrement visibles dans la ville de Lévis. «On a observé une augmentation des surfaces artificielles de 8,9 km2 au cours des années 1990 et de 7,2 km2 pendant les années 2000.» Le quartier développé dans le secteur de la route Monseigneur Bourget et du chemin des Forts, à Lévis, est un exemple de cette artificialisation des terres agricoles.

Comment ont-elles pu passer de terres agricoles à quartier résidentiel ? C’est par le dézonage en l’obtenant de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ). Et la Chaudière-Appalaches est la région «championne» en la matière, souligne James Allen. Des dizaines de milliers de kilomètres carrés ont été perdus de cette façon au fil des années.

Toutefois, la Loi 103, adoptée en décembre 2021, ajoute une couche de protection supplémentaire. Les municipalités ne peuvent plus faire une requête de dézonage, ce sont maintenant les MRC et les communautés métropolitaines qui ont l’autorité pour le faire. Ainsi, on vise à optimiser le développement de terrains déjà existants sur un territoire donné avant de dézoner.

«Depuis l’adoption de la Loi, s’il reste des terrains dans les municipalités voisines, on doit les développer. La CPTAQ le prend en compte. C’est une petite avancée. Au lieu d’y aller municipalité par municipalité, elles doivent s’entendre au niveau de la MRC pour faire une demande de dézonage. C’est un pas dans la bonne direction», mentionne M. Allen.

 

 

 

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