mercredi 28 mai 2025
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Le DG d'estrade

Le confort et l’indifférence

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26 mai 2025 11:47

La nomination de Mathieu Darche comme grand patron hockey des Islanders de New York, la semaine dernière, est rafraîchissante. Pour une fois, une organisation de la Ligue nationale de hockey (LNH) donne une première chance à un gestionnaire qui a fait ses preuves comme adjoint à Tampa Bay au cours des dernières années, plutôt que de recycler un directeur général largué par une autre franchise.

Par Érick Deschênes

Au même moment, d’autres organisations ont toutefois respecté la règle non écrite dans le circuit Bettman : il faut embaucher des employés qui ont déjà fait leurs preuves dans la LNH ou que les dirigeants connaissent déjà.

Pour remplacer Rob Blake, «démissionner» en raison des mauvais résultats de l’équipe californienne en séries, les Kings de Los Angeles se sont tournés vers Ken Holland pour devenir leur nouveau directeur général. Âgé de 70 ans, l’ancien grand manitou des Red Wings de Detroit et des Oilers d’Edmonton coulait auparavant des jours heureux comme préretraité, à titre de consultant au centre des opérations du circuit Bettman à Toronto (le quartier général où toutes les actions litigieuses sont révisées).

Pour leur part, les Flyers de Philadelphie ont convaincu un ancien de la maison, Rich Tocchet, de profiter de sa décision de ne pas renouveler son entente avec les Canucks de Vancouver afin de devenir le nouvel entraîneur-chef de l’équipe de la Ville de l’amour fraternel.

Pour remplacer Tocchet, les Canucks ont quant à eux décidé de promouvoir Adam Foote, entraîneur-adjoint sous Tocchet, au poste d’entraîneur-chef. Ce n’est pas le pedigree d’entraîneur-chef de Foote qui a sûrement convaincu Vancouver de lui donner sa chance dans la grande ligue, lui qui n’a été l’entraîneur-chef des Rockets de Kelowna (ligue junior de l’ouest) que pendant une saison et demie avant de se faire congédier. C’est plutôt la longue carrière dans la LNH de Foote comme défenseur étoile qui a été un argument pesant.

Évidemment, il est tout à fait louable pour une organisation de miser sur des entraîneurs et des gestionnaires d’expérience. Mais avec un circuit qui mise d’année en année davantage sur de jeunes talents, pourquoi les équipes de la LNH n’osent davantage pas? En plus d’embaucher des dirigeants qui connaissent davantage la réalité et les attentes des nouvelles générations de hockeyeurs et qui proposent de nouvelles idées, plusieurs exemples démontrent qu’il peut être payant de sortir du traditionnel sentier battu d’embaucher des amis.

Jon Cooper n’avait pas un bagage de joueur professionnel et il a gravi tous les échelons avant de devenir l’entraîneur-chef du Lightning de Tampa Bay. Il est désormais considéré comme l’un des meilleurs tacticiens au monde et il est le pilote qui cumule le plus d’ancienneté à la barre d’une équipe parmi les entraîneurs-chefs actifs du circuit Bettman.

Plus près de nous, Kent Hughes n’avait jamais dirigé les destinées d’une équipe professionnelle avant que les Canadiens se tournent vers lui pour remplacer Marc Bergevin. Oui, il s’est tourné ensuite vers Martin St-Louis, un ami et une ancienne étoile de la LNH, mais il fallait être courageux pour nommer entraîneur-chef de la prestigieuse Sainte-Flanelle un pilote qui n’avait été que conseiller pour l’avantage numérique au sein d’équipes de la grande ligue.

L’audace, ça donne aussi des résultats!

Il faut que ça bouge au CF Montréal

Dans un autre ordre d’idées, il est affligeant de voir le CF Montréal s’enfoncer dans le marais de l’indifférence auprès des amateurs de sport québécois. Si la troupe montréalaise a obtenu une nulle lors de son dernier match samedi, l’équipe de soccer a auparavant suivi de cuisantes défaites contre le Toronto FC, par la marque de 6 à 1 en saison régulière de la MLS, et de 1 à 0, lors du match aller du duel quart de finale l’opposant au Forge FC (Hamilton). Rappelons que cette dernière équipe évolue dans la Première ligue professionnelle, un circuit semi-professionnel.

Pour les grands passionnés de soccer, le choix du CF Montréal de miser sur les jeunes talents est logique. Dans le groupe soccer de Joey Saputo, l’ancien Impact de Montréal n’est désormais plus le navire amiral. Ce rôle est occupé par le Bologne FC 1909, club italien évoluant dans la plus grande ligue de soccer de ce pays (Serie A) et plus récent vainqueur de la Coupe d’Italie.

Comme tous les autres groupes possédant plusieurs équipes, la priorité est donnée au club qui évolue au plus haut niveau. Juste dans la MLS, on n’a qu’à penser au New York City FC, l’un des nombreux clubs appartenant aux richissimes propriétaires du puissant Manchester City en Angleterre. Tout comme Bologne FC 1909, l'organisation anglaise profite justement des plus grands investissements du groupe pour que Man City aligne les joueurs les plus talentueux.

Toutefois, contrairement en Europe où le soccer est le sport roi et où les partisans d’une équipe l’appuie inconditionnellement qu’elle soit en première division ou dans une ligue amateur, les amateurs du CF Montréal ont d’autres options, qu’elles soient européennes, africaines ou sud-américaines, pour assouvir leur soif sportive.

Dans une précédente chronique, je craignais que le plan stratégique amène le CF Montréal dans la zone dangereuse de l'indifférence. Au vu des commentaires des partisans sur les réseaux sociaux après les défaites contre Toronto et Forge FC, le club montréalais est désormais dans ce marais de je-m’en-foutisme de la part de ses désormais rares admirateurs.

30 ans après le départ des Nordiques de Québec et 20 ans après le déménagement des Expos de Montréal à Washington, il ne faudrait pas que la province perde de nouveau un fleuron sportif. Dans le cas du CF Montréal, cela serait encore plus triste parce que l’organisation aurait oublié le premier ingrédient pour attirer des partisans : la victoire.

Cette chronique fait partie de notre section Opinions, qui favorise une pluralité d'idées. Elle reflète l'opinion de son auteur, pas celle du Journal de Lévis ou du Peuple Lotbinière.

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