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Immigration: augmentation de la demande en francisation

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(Crédit photo : Mélanie Labrecque)

26 oct. 2021 09:26

COMMUNAUTÉ. Ils sont originaires de la Tunisie, du Mexique, du Guatemala, des Philippines… Ils parlent différentes langues. Ils ont des cheminements de vie différents, des objectifs différents, des carrières différentes. Pourtant, ils ont tous en commun le désir d’apprendre le français. Cette session-ci, ABC Lotbinière accueille 72 étudiants en francisation, près de cinq fois plus qu’il y a cinq ans.

«Le visage de la population immigrante change. Au début, il y a quelques années, elle venait des pays d’Amérique du Sud et Centrale. Dernièrement, il y a eu beaucoup de recrutement qui a été fait en Tunisie et aux Philippines. Ce sont des corps de métier qui ont été recrutés et qui arrivent à plusieurs en même temps. C’est très varié et ça continue d’augmenter», a analysé le directeur d’ABC Lotbinière, Xavier Beaupré.

Cette hausse s’explique avec l’affluence de nouveaux arrivants dans Lotbinière, mais aussi avec les travailleurs temporaires qui ont maintenant droit aux cours de francisation, ajoute M. Beaupré. L’apprentissage du français facilite l’intégration de ces personnes dans leur milieu de vie, leur permet de socialiser, de briser l’isolement, de se faire des amis, d’avoir les ressources nécessaires pour se débrouiller et favorise la rétention. De plus, note-t-il, les employeurs s’impliquent de plus en plus.

«Les entreprises qui le font comprennent qu’un immigrant qui a appris le français aura peut-être tendance à vouloir rester. La rétention est un élément important. Ils investissent beaucoup pour faire venir des travailleurs, c’est sûr qu’ils préfèrent qu’ils restent. La francisation et l’intégration sont la clé.»

Rappelons qu’au Québec, la maîtrise du français fait partie du processus menant vers la résidence permanente et ultimement à la citoyenneté canadienne. ABC Lotbinière offre le programme du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration qui est basé sur l’Échelle québécoise des niveaux de compétence en français.

Offre adaptée

Le milieu communautaire fournit à ces personnes un milieu de vie qui répond à leurs besoins. «C’est aussi un lieu d’accueil et d’intégration. Ça va plus loin que les cours. Ce que le communautaire a de particulier, c’est un lieu qui a été fait uniquement pour ces gens-là», a précisé Xavier Beaupré.

Les disponibilités liées à l’emploi sont prises en compte dans la formation des groupes. Les cours sont donnés par des enseignants qualifiés. Les mères qui ont de jeunes enfants à la maison peuvent profiter d’une aide bénévole pour les garder lorsqu’elles suivent un cours. Des bénévoles peuvent assurer le transport. Même si la formation est axée sur la communication orale, des notions d’alphabétisation peuvent être introduites chez ceux qui ont un niveau d’éducation moins élevé. Ils pourront profiter de l’accompagnement d’un tuteur. 

Des progrès rapides

Les étudiants peuvent rapidement apprendre les rudiments nécessaires à la maîtrise de la langue. Ils n’ont pas tous le même niveau de maîtrise, mais les étudiants rencontrés réussissent à s’exprimer de façon claire, même s’ils n’ont suivi que quelques cours.

«C’est bien, ils nous aident beaucoup à communiquer avec les Québécois. Ça facilite la vie ici. Chez ABC Lotbinière ils sont aussi très patients. Répéter, ça ne leur dérange pas et maintenant je peux communiquer avec les gens, je fais les achats. C’est plus facile de vivre ici», a raconté Saïda qui est originaire de la Tunisie et est arrivée dans la région en décembre 2020. Elle a commencé ses cours en mars 2021.

Sergio et Andréa, pour leur part, voient dans l’apprentissage du français un outil qui facilitera leur intégration à long terme. «C’est ma deuxième classe. [Déjà] j’ai appris beaucoup. C’est très dur parce que c’est différent de l’espagnol. Je savais seulement parler espagnol et ici on m’a beaucoup aidé», a souligné Sergio.

Les cours deviennent aussi un lieu d’échange ainsi que de partage des cultures et des langues. «Nous avons l’impression que c’est un privilège. Nous voulons rester ici, au Canada, pour toute la vie. Nous pensons que c’est le paradis. […] Nous nous sentons bienvenus au Canada. Ici, chez ABC Lotbinière, tout le monde est gentil et on en apprend plus sur les autres cultures.»

«Je suis ici depuis neuf mois et je suis très contente parce que la vie est belle. J’ai trouvé les choses difficiles les premières fois parce que ce n’est pas la même langue, l’accent québécois est difficile, mais à cause du professeur et des collègues, c’est mieux que la première fois», a renchéri Najet, aussi originaire de la Tunisie.

«Je suis ici depuis 12 ans maintenant. J’ai commencé à venir ici il y a 11 ans. Je suis content de venir à l’école, ça m’aide beaucoup à apprendre le français. […] Ils m’ont aidé beaucoup. C’est la famille pour moi», a expliqué Edgar qui est originaire du Guatemala et qui est membre du conseil d’administration d’ABC Lotbinière.

Au Québec, selon le dernier rapport du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, 19 800 immigrants sont francisés en milieu communautaire. Pour la plupart, ils étudient à temps partiel parallèlement à d’autres activités comme leur travail.

 

 

 

 

 

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