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L’entreprise tatouée sur le cœur pendant 50 ans

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Richard Bergeron et Richard Lambert. Photo: Mélanie Labrecque

08 févr. 2023 08:21

SOCIÉTÉ. À deux, Richard Bergeron et Richard Lambert cumulent un peu plus d’un siècle d’expérience chez Altek (Laflamme portes et fenêtres) de Saint-Apollinaire. Après 52 ans de travail, Richard Bergeron est parti à la retraite le 18 janvier, à l’âge vénérable de 70 ans. Pour sa part, Richard Lambert travaille toujours au sein de l’entreprise et célébrera ses 50 ans de service cette année.

«Richard a toujours eu de la facilité à transmettre ses idées à ses collègues et à mettre ces derniers en valeur. Il a toujours eu une solution à n’importe quel problème. Il avait du talent», relate Richard Lambert à propos de son ancien collègue Richard Bergeron.
Malgré les bons mots, M. Bergeron demeure humble et explique que sa façon de travailler était basée sur l’écoute. «Il faut apprendre à écouter l’autre et à le respecter. Il faut être capable d’accepter l’idée de l’autre, même si ça ne fait pas notre affaire. On prend le meilleur et l’on continue. Toutes les idées sont bonnes. Il suffit de prendre la meilleure pour le moment présent.»
Ce dernier a commencé à travailler un an après l’arrivée de son père dans l’entreprise. Ils ont été collègues pendant 15 ans. Ainsi, M. Bergeron a débuté en aidant au déchargement du bois et en faisant des livraisons avant d’être embauché à l’été 1970 comme étudiant. Les années qui ont suivi l’ont amené à occuper différentes fonctions dans l’usine. L’apparition d’une maladie professionnelle (allergie à la poussière de cèdre) dans les années 1980 a fait bifurquer sa carrière vers la maintenance pour progresser vers un poste de chef d’équipe.
Deux ans après l’arrivée de Richard Bergeron, c’était au tour du jeune Richard Lambert, 18 ans, de faire son entrée dans l’entreprise. «J’ai fait mon bout de chemin. J’ai pris de l’initiative, de la vitesse, ce que les patrons aimaient. Pendant les quatre ou cinq premières années, j’ai été chanceux, je n’ai jamais été mis à pied temporairement.»
Il a rapidement été nommé chef d’équipe. La formation de 230 heures qu’il a reçue pour occuper ce poste a forgé le travailleur qu’il est aujourd’hui. «Nous avons appris plusieurs choses en lien avec le poste comme la discipline, le respect, la production, la sécurité. […] Cela a fait un meilleur homme de moi», a-t-il résumé. D’ailleurs, aujourd’hui encore, il veille au bien-être de ses collègues de travail à titre de délégué social.
Cet investissement de soi a d’ailleurs été remarqué par les nouveaux patrons de l’entreprise pour qui il était important de reconnaître ces années de service. «C’est une chance d’avoir des employés comme eux. Ils ont une expérience de travail et une connaissance du produit. Ils sont capables d’avoir une vision à long terme. Ils savent quoi faire pour s’assurer d’avoir une ligne de production efficace», a souligné la directrice des ressources humaines chez Altek, Vicky Corriveau.
De belles réalisations
«Ma plus grosse victoire ici, c’est d’avoir réussi à obtenir que les 65 ans et plus puissent travailler trois jours par semaine, ça n’a pas été facile», a résumé M. Lambert. Il se souvient aussi du parrainage d’un petit garçon atteint du cancer. Les employés de l’usine lui avaient offert une voiture-traîneau lors d’une fête tenue à l’usine.
De son côté, Richard Bergeron préfère se souvenir de tous les moments de bonheur qu’il a vécu avec ses collègues de travail. «Ce sont toutes sortes de petites anecdotes qui se passaient chaque fois que je travaillais. J’ai eu plusieurs moments heureux à partager avec mes collègues. On faisait des blagues et on se jouait des tours. Mais, on ne faisait rien pour nuire à notre travail.»
Longévité imprévue
Ni Richard Lambert ni Richard Bergeron n’ont pensé faire leur carrière entière au sein de la même entreprise, ont-ils affirmé. Pourtant, ils y sont encore. «Jamais je n’aurais pensé me rendre à 50 ans», a mentionné M. Lambert.
«Pendant les premières années, je me suis dit que je ne passerais pas ma vie ici. Avec le temps, tu apprends à aimer le monde autour de toi, tu te fais des amis, tu connais leur caractère et tu t’en fais des amis. C’est difficile de changer après tout ça», a renchéri Richard Bergeron.
Bien qu’Altek ne soit propriétaire de l’entreprise que depuis un an et demi, la compagnie reconnaît l’importance que peuvent avoir des employés avec une aussi grande expérience.
Traverser les tempêtes
Ces 50 ans de service n’ont pas été un long fleuve tranquille, rappellent Richard Bergeron et Richard Lambert. Avec au moins cinq propriétaires, à travers les ventes et les faillites, les employés ont essuyé plusieurs coups durs. Le dernier en tête de liste, la faillite d’Atis.
«Deux ans avant que ça arrive, je parlais avec le responsable des ressources humaines d’Atis, je lui ai souvent dit, le bateau coule. Les gens autour voyaient le nuage noir arriver. On n’en voyait pas le bout, c’était décourageant. Ils avaient peur et se posaient des questions. On ne l’a pas eu facile, mais avec l’arrivée d’Altek, le nuage noir commence à se dissiper et on voit de belles choses à l’horizon», relate M. Lambert.
De son côté, l’employeur est conscient que les blessures sont encore vives chez plusieurs de leurs travailleurs. «On a un gros travail de fond à faire en tant que nouvelle direction. […] C’était un gros morceau parce qu’il y avait eu des blessures énormes au niveau organisationnel. Il n’y avait plus de confiance envers les dirigeants. Aujourd’hui encore, il y a des séquelles», a mentionné Vicky Corriveau.
C’est en mettant de l’avant les valeurs de respect, de communication et de transparence que l’entreprise pourra, selon Mme Corriveau, reconstruire les ponts, garder les travailleurs en place et en attirer de nouveaux.

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