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Festival de Manseau : l’histoire qui en cache une autre

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(Crédit photo : Mélanie Labrecque)

07 août 2020 08:37

CULTURE. Bien qu’il ait été un échec, le Festival pop de Manseau demeure gravé dans l’imaginaire collectif. Afin de souligner le 50e anniversaire de ce qui devait être le Woodstock québécois, la municipalité a mandaté l’historien Jacques Crochetière pour rédiger un livre souvenir relatant l’histoire du festival. À travers les pages du recueil qui sera lancé à l’automne, l’auteur reviendra aussi sur l’autre festival, celui qui n’a jamais eu lieu, celui de Sainte-Croix.

Rencontré à sa résidence du quartier Saint-Rédempteur, photos et coupures des journaux en main, Jacques Crochetière a fait le récit détaillé des mois précédant les deux événements qui devaient avoir lieu à quelques jours d’intervalle : à la fin de juillet et au début d’août. Cette mise en contexte, digne d’un scénario de film parle, entre autres, de deux organisations rivales, de menaces, de l’implication du crime organisé, de l’impact de décisions gouvernementales et des jeux de coulisses «pour contrecarrer Sainte-Croix».

Aussi, il revient sur le travail qu’il a fait pour retracer et obtenir les droits sur des photos de l’époque (150 seront publiées) et l’importante recherche qui a été nécessaire afin de départager le vrai, de la rumeur et du faux.

L’auteur souhaite, avec ce livre, corriger l’impression que l’échec a été celui de la municipalité de Manseau [bien que le festival a eu lieu à Saint-Joseph-de-Blandford] alors que tout se jouait à un autre niveau. «Les gens de Manseau l’avaient pris personnel, mais ils n’ont pas vu qu’ils faisaient affaire avec une organisation criminelle. […] Tout indiquait que ce serait un échec, mais le gouvernement a décidé de laisser aller. […] Ceux qui auraient pu bloquer tout ça ont laissé aller les choses. On s’aperçoit que dans le fond, tout le monde a été manipulé.»

Il a fallu attendre à 1973 et à la Commission d’enquête sur le crime organisé (CECO), pour avoir des réponses et comprendre ce qui s’était passé. C’est aussi pendant la CECO qu’il a été possible d’en «apprendre un peu plus sur les liens qu’il y avait entre le festival de Manseau et celui de Sainte-Croix», a spécifié M. Crochetière.

Le festival de Sainte-Croix

À travers le récit des faits qui ont conduit à l’échec de Manseau, Jacques Crochetière accordera une place importante à la forte compétition qui régnait avec l’organisation du festival de Sainte-Croix. Il y explique les liens entre les deux festivals et comment l’échec du premier a mené à l’annulation du second; qui aujourd'hui est pratiquement effacé des mémoires.

S’il avait eu lieu, le Festival de Sainte-Croix aurait réuni les grands noms de la musique québécoise en 1970, dont Robert Charlebois, Michel Pagliaro et Willie Lamothe.

«Si le festival de Sainte-Croix avait eu lieu, compte tenu des artistes qui avaient été envisagés, du site [la future piste de course] qui est un amphithéâtre naturel, il aurait pu être le premier événement culturel majeur du Québec avant ce qu’on avait eu en 1974, sur les plaines d’Abraham, avec J’ai vu le loup, le renard et le lion. Sainte-Croix avait ce qu’il fallait pour que ce soit une réussite. Le problème, c’est que devant l’échec du Festival pop de Manseau, le gouvernement de Robert Bourassa a retiré les autorisations qu’il avait données au Festival», a-t-il affirmé.

 

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