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Apprendre à comprendre le numérique

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Photo : Mélanie Labrecque

12 avr. 2023 09:27

SOCIÉTÉ. «Nous sommes dépassés. Je dérive, ça me décourage. La tablette ne m’aime pas et je ne l’aime pas», a résumé Roland, l’un des participants des ateliers et cours offerts chez ABC Lotbinière en nouvelles technologies. Comme plusieurs autres Québécois, ils se sentent démunis face à la rapidité que prend le virage numérique.

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En ce vendredi matin ensoleillé, Roland, Jules, Étienne et Thérèse sont rassemblés à la bibliothèque d’Issoudun et ont une franche discussion sur les avantages et les inconvénients des nouvelles technologies et partagent leurs expériences, frustrations et questionnements avec Emmanuelle, leur formatrice.

Dans certaines situations, cela peut s’avérer avantageux, soutient Emmanuelle. «Ça peut parfois être frustrant, mais il y a des outils pour la livraison à domicile de l’épicerie, par exemple. Ce n’est pas tout noir ou tout blanc.» 

Malgré tout, l’utilisation de ces plateformes peut être problématique. «Amazon, c’est un ami qui le fait pour moi», a soutenu Roland. «Au moins, tu as un bon contact qui vient t’aider. Je n’en ai pas. Je reste dans un rang, dans le fond d’une cour», a renchéri Thérèse.

Cette dernière est proche aidante pour son mari vieillissant et fait beaucoup de bénévolat. Elle a donc peu de temps à consacrer à son apprentissage des technologies et au fonctionnement des différentes plateformes numériques.

«Ça mène aussi à l’isolement, nous sommes en région rurale. Les distances sont longues lorsqu’on n’a pas de voiture. Internet, c’est utile pour garder le contact et avoir des services à domicile, mais cela ne veut pas dire qu’il faut laisser des gens derrière parce qu’ils ont moins d’aisance avec ces outils. En tant que société, on a les moyens de se permettre de l’aide pour tout le monde», leur a expliqué Emmanuelle.

Ces personnes moins scolarisées, plus âgées ou moins fortunées, qui profitaient d’un service à la clientèle offert par des humains, sont maintenant confrontées à différents obstacles, rappellent Jules et Étienne. «Bientôt, tu n’auras pas besoin d’être atteint beaucoup (avoir des problèmes cognitifs) pour ne plus être capable de t’en servir», déplore Jules.

«Je trouve ça fâchant lorsqu’on appelle pour des prises de sang. Tu ne peux jamais parler à quelqu’un. Tu ne peux rien avoir et tu restes malade», a renchéri Étienne qui suit ces cours justement pour être en mesure de mieux se débrouiller dans ces situations.

Seulement pour les services médicaux, il y a une multiplication des plateformes comme Clic Santé ou Bonjour Santé, souligne Emmanuelle, ce qui provoque de la confusion chez une partie de la population. «C’est censé faciliter la vie, mais en fait ça amplifie les émotions négatives. Ça crée beaucoup de découragement. Ça met toujours la responsabilité sur les personnes qui n’ont même pas les moyens de se débrouiller.»

Malgré tous les obstacles qu’ils rencontrent, les quatre apprenants avaient tous une attitude positive lors du passage du Peuple Lotbinière. Ils participent et s’impliquent avec plaisir à ces ateliers et ont tous le désir de développer leur autonomie pour pouvoir se débrouiller seuls.

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