mardi 11 novembre 2025
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Le pouvoir québécois

Legault présente sa nouvelle vision économique

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Le premier ministre du Québec, François Legault, lors d'une annonce économique en Abitibi-Témiscamingue, en septembre dernier. Photo : Émilie Nadeau

10 nov. 2025 04:39

Afin de répondre «au nouveau contexte mondial», le premier ministre du Québec, François Legault, accompagné de la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Christine Fréchette, a présenté lundi la nouvelle vision économique du Québec.

D'abord, Québec veut placer l'énergie renouvelable «au coeur du pouvoir québécois». Comme prévu dans son plan d'action, Hydro-Québec augmentera de 60 TWh sa production d'ici 2035, avec des investissements pouvant atteindre 200 G$. D'ici 2050, François Legault promet que d'autres investissements s'ajouteront, «à une hauteur inégalée depuis la Baie-James».

Pour bâtir une économie plus performante, Québec estime aussi que l'État québécois doit être «plus efficace», d'où les mesures lancées depuis septembre pour réduire les délais d'autorisation des projets économiques.

Le gouvernement caquiste se dit même prêt «à poser des gestes forts», comme revoir la pertinence de certaines lois et de certains règlements.

Pour «garder et faire grandir» les entreprises québécoises, François Legault veut qu'Investissement Québec «continue de travailler fort pour attirer des investissements ici» tandis que la Caisse de dépôt et placement du Québec «devra également augmenter sa contribution à l'économie québécoise». Pour leur part, les PME à fort potentiel de croissance «seront mieux accompagnées, tandis que des stratégies seront déployées pour s'assurer qu'elles demeurent de propriété québécoise».

Dans sa nouvelle vision économique, Québec veut aussi que la province saisisse les nouvelles opportunités mondiales que sont la sécurité et la défense ainsi que les minéraux critiques et stratégiques.  

«Depuis sept ans, le Québec a réussi à battre le reste du Canada en matière d'économie. Mais le monde a changé et le virage de la nouvelle administration américaine a créé une onde de choc partout dans le monde. Il faut être réalistes : cette situation est un défi important, mais on doit saisir cette occasion. Aujourd'hui, la vision qu'on présente est une chance unique d'utiliser les leviers et les atouts que nous avons pour faire notre place. Une chose est certaine : on a tout ce qu'il faut pour connaitre du succès dans les prochaines années. Il faut que le siècle qu'on vit en ce moment soit le siècle du Québec», a soutenu le premier ministre du Québec.

Réactions mitigées

Le dévoilement de la nouvelle vision économique du gouvernement caquiste a été saluée par certains intervenants, mais critiquée par d'autres.

Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) a positivement accueilli la vision économique du gouvernement Legault, «qui place enfin le secteur manufacturier» au cœur des priorités du développement économique du Québec.

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a salué les orientations de la vision économique, mais elle espère que le tout se traduira «en actions concrètes qui auront un impact réel sur nos entreprises et l'économie québécoise».

«La vision présentée aujourd'hui trace une direction intéressante pour le Québec, et nous partageons pleinement l'objectif de renforcer notre autonomie économique. En revanche, la réussite de cette vision dépend d'un élément incontournable : la disponibilité de la main-d'œuvre. Le Québec fait face à un manque structurel de travailleurs qui touche tous les secteurs et toutes les régions, et qui risque de freiner les investissements annoncés», a quant à elle déclaré Michelle LLambías Meunier, présidente et cheffe de la direction du Conseil du patronat du Québec.

Si elle a salué plusieurs axes du nouveau plan gouvernemental, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a noté à son grand déplaisir «qu'aucune mention de la réduction du fardeau fiscal des petites entreprises n'est faite» dans la vision.

«L’Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec accueille favorablement la Vision économique du Québec 2025 et salue la volonté du gouvernement de simplifier certains processus administratifs, notamment la délivrance des permis de construction, ainsi que les mesures visant à soutenir et renforcer la main-d’œuvre dans le secteur de la construction. Néanmoins, l’association déplore l’absence de l’habitation dans cette feuille de route, alors que le Québec traverse une crise et que l’accès à la propriété est une réalité de plus en plus inatteignable pour les jeunes familles», peut-on lire sur le site Web de ce regroupement.

«Aujourd'hui, on n'a pas eu droit à une vision économique. On a eu droit à une liste d'évidences, sans plan concret pour les réaliser. (...) En plus de ses nombreux échecs, la CAQ nous prouve encore une fois qu'elle n'aura jamais été le parti de l'économie. La CAQ tente de camoufler son improvisation. Comment expliquer que cette ''vision'' ne faisait même pas partie de ses grandes priorités lors du dernier remaniement?», ont pour leur part déploré Frédéric Beauchemin, porte-parole du Parti libéral du Québec en matière d'économie et d'innovation, et Pablo Rodriguez, le chef de cette formation politique.

Le plan a aussi été critiqué par le Parti québécois, mais pour d'autres raisons.

«On n'a pas les moyens de se payer une ''nouvelle vision'' économique totalement improvisée de François Legault. Après avoir dilapidé des milliards dans des projets destinés à la faillite, le premier ministre veut aller encore plus loin. La vérité, c’est que le modèle économique de la CAQ, celui d’une économie gonflée aux subventions, a largement démontré son échec dans les 25 dernières années», a martelé Paul St-Pierre Plamondon, chef de la formation souverainiste.

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