Par Érick Deschênes
1. Trouver un centre numéro 2
La surprenante dernière campagne du Tricolore aura été instructive à plusieurs égards quant à la position de centre. Nick Suzuki a fait taire les détracteurs et a prouvé qu’il était un centre numéro un dans le circuit Bettman. La chasse à la dernière place en séries dans la conférence Est a aussi illustré à quel point il élève son jeu d’un cran lors de moments cruciaux.
Toutefois, sans un complément à Nick Suzuki sur le deuxième trio pouvant apporter une part significative à la construction offensive et au jeu défensif, les Canadiens ont éprouvé plusieurs difficultés lorsque son premier trio connaissait une mauvaise soirée ou si l’adversaire était capable d’éteindre les inspirations de Suzuki, Cole Caufield et Juraj Slafkovsky. De plus, les aspirants à l’interne pour le poste de deuxième centre - Kirby Dach, Alex Newhook et Owen Beck - ont démontré au cours de la saison qu’ils n’ont pas les habiletés pour occuper ce rôle, mais qu’ils sont à leur place sur le troisième ou le quatrième trio.
Pouvant désormais compter sur un diamant sur les côtés du deuxième trio avec Ivan Demidov, Kent Hughes doit trouver un joueur qui pourra alimenter le prodige russe tout en pouvant donner un coup de main à Nick Suzuki et Jake Evans pour les responsabilités défensives.
C’est la tâche principale de Kent Hughes cet été, et ce n’est pas un chantier mineur. Comme on l’a vu auparavant à Montréal, trouver un centre pouvant évoluer sur l’un des deux premiers trios est très difficile. Pour complexifier l’équation, plusieurs formations sont dans la même situation que le CH.
Le marché des agents libres offrira des centres intéressants, en Mitch Marner et Sam Bennett. Mais ce n’est pas l’habitude la maison à Montréal depuis le début du règne de Kent Hughes de faire des folies le 1er juillet. Il est plus raisonnable de croire que le DG de la Sainte-Flanelle misera sur le marché des transactions pour résoudre son problème. Si le prix n’est pas trop élevé (Logan Mailloux des choix au repêchage et/ou Owen Beck) pour mettre la main sur Sidney Crosby, Dylan Larkin, William Karlsson ou Marco Rossi, Kent Hughes doit passer à l’action.
2. Résoudre le dossier de l’énigmatique M. Laine
Sans les nombreux buts de Patrik Laine en avantage numérique à la fin de l’automne, les Canadiens n’auraient jamais eu la chance d’être encore dans la course aux séries ce printemps et de réussir l’exploit de disputer une ronde éliminatoire contre les Capitals de Washington.
Si le grand Finlandais a rapidement fait battre le cœur des partisans du Tricolore avec ses exploits à son retour de convalescence, ses performances ont périclité au fil de la saison.
Au cours des dernières semaines de la campagne 2024-2025, on a pu revoir le bon vieux Patrik Laine qui l’a fait chasser tour à tour de Winnipeg et Colombus. Un attaquant avec un tir foudroyant, mais prévisible, lent et pas le plus impliqué dans le travail défensif. Tout le contraire de ce que veut inculquer Martin St-Louis à la barre du Tricolore.
À la défense de Laine, le Finlandais n’a pas été épargné par les blessures cette saison, dont celle subie au genou lors du calendrier préparatoire et qui lui a fait manquer le début de la saison.
Kent Hughes devra donc sortir sa boule de cristal et trancher le nœud gordien, conserver les services de l’ailier droit une autre saison ou s’en débarrasser. Si Laine revient à 100 % en septembre à Montréal, il pourrait rendre très menaçant le deuxième trio si un deuxième centre potable fait son arrivée dans la Métropole et qu’Ivan Demidov explose. Cependant, si l’état-major montréalais n’achète pas ce scénario, il doit refiler Laine à une équipe voulant augmenter sa masse salariale ou racheter son contrat.
Plusieurs ailiers buteurs et davantage impliqués que Laine, tels Brock Boeser, Nikolaj Ehlers ou Reilly Smith, seront disponibles sur le marché des joueurs autonomes.
3. Trouver un remplaçant à David Savard
Le grand barbu, l’un des leaders incontestés et piliers en défense du CH au cours des dernières saisons, ne sera pas de retour en 2025-2026, lui qui a annoncé sa retraite. Même si le Tricolore peut compter sur des défenseurs prometteurs, aucun n’est encore prêt à remplacer l’apport de David Savard et Kent Hughes doit lui trouver un remplaçant, au moins pour la prochaine saison.
Arber Xhekaj et Jayden Strubble demeurent des défenseurs de troisième duo qui donnent, à l’occasion ou souvent, des sueurs froides dès qu’ils ont la rondelle en territoire défensif. Logan Mailloux, brillant défenseur offensif à Laval et lors de ses quelques passages avec le Tricolore, s’inscrit lui aussi dans cette catégorie, lui qui adore la zone adverse et qui n’est pas exempt de crampes au cerveau dans sa zone défensive.
David Reinbacher a démontré de belles choses à Laval cette saison, lorsqu’il a été épargné par les blessures. Malheureusement, il n’a pas encore disputé une saison complète au niveau professionnel en Amérique du Nord. Est-ce qu’il est prêt à faire face à la rigueur du calendrier de 82 matchs de la LNH? Adam Engström a aussi bien fait à Laval, mais il manque lui aussi de millage professionnel.
L’ajout d’un Cody Ceci ou d’un Vincent Desharnais (dans le cas du défenseur québécois, cela aiderait aussi à corriger une autre lacune dont je parle au point suivant) pourrait servir de période de transition pour l’ère post-David Savard.
4. Améliorer le côté abrasif
On l’a vu en séries, où l’intensité physique augmente considérablement dans le circuit Bettman : le CH manque de munitions robustes pour faire un long chemin en séries.
Heureusement, la belle saison du club-école du Canadien permettra à Kent Hughes de magasiner à l’interne pour corriger ce problème. À sa première saison professionnelle, Florian Xhekaj, le petit frère de l’autre, et Jared Davidson ont montré qu’ils pouvaient autant multiplier les buts que les coups d’épaule.
S’il n’a pas crevé l’écran dans la grande ligue lors de ses deux passages cette saison, le centre Oliver Kapanen peut aussi faire une différence à ce chapitre.
Si Kent Hughes ne croit pas que ces jeunes peuvent améliorer son équipe pour le moment, il doit profiter notamment du départ de Christian Dvorak pour recruter des vétérans qui pourront apporter de la grit et leur part de points.
5. Profiter des actifs
L’état-major du CH n’a pas masqué son intention de profiter des nombreux choix au repêchage et de certains espoirs à sa disposition pour améliorer l’équipe au cours de la saison morte.
Cependant, pour faire des transactions, il faut être deux pour valser. Si Kent Hughes ne trouve pas de partenaire de danse, l’organisation doit poursuivre dans la lancée des dernières saisons. Profiter de l’occasion pour recruter de nouveaux espoirs qui pourront se joindre à moyen terme au groupe.
D’ailleurs, le Tricolore dispose, jusqu’à maintenant, des 16e et 17e choix lors de la première ronde du repêchage, qui aura lieu le 27 juin. Avec l’un de ses choix, il pourrait mettre la main sur l’attaquant de puissance lévisien Justin Carbonneau, une denrée rare au sein de la Sainte-Flanelle.
6. Trouver un équilibre devant le filet
Enfin, dans mon livre à moi, ce n’est pas le dossier le plus urgent, mais Kent Hughes doit s’assurer que Samuel Montembault ne fasse pas face à la même charge de travail qu’en 2024-2025. Le cerbère québécois a finalement disputé 62 parties cette saison.
C’est un peu trop selon moi et on a pu voir à la fin de la saison que Montembeault commençait à manquer d’énergie.
Donc, si Kent Hughes ne croit pas que Jakub Dobes peut épauler efficacement le numéro un de son équipe en étant le partant lors d’une vingtaine de matchs en 2025-2026, le recrutement d’un gardien auxiliaire sur le marché des joueurs autonomes doit être envisagé.
Cette chronique fait partie de notre section Opinions, qui favorise une pluralité d'idées. Elle reflète l'opinion de son auteur, pas celle du Journal de Lévis.