Par Érick Deschênes
Moi-même, pour ma prédiction pour déterminer le gagnant de la coupe Stanley (je l’avoue, je ne suis pas un très bon voyant), j’étais convaincu que les Oilers avaient passé un cap cette saison et qu’ils pourraient renverser les Panthers. Avec davantage d’expérience derrière la cravate, Edmonton avait éliminé de façon convaincante les Kings de Los Angeles, les Golden Knights de Las Vegas et les Stars de Dallas pour obtenir leur billet pour une possible revanche face aux Panthers.
Malgré des points d’interrogation, la défensive revampée des Oilers tenait le coup et appuyait efficacement une attaque diaboliquement menaçante à chaque match. Devant le filet, Stuart Skinner a repris de l’aplomb après ses difficultés contre les Kings et a été le principal architecte derrière certaines victoires des Oilers lors des rondes suivantes.
Mais tous ces progrès se sont effondrés comme un château de cartes devant les Panthers. D’abord, la troupe de Paul Maurice a réussi à étouffer les gros canons des Oilers, Connor McDavid et Leon Leon Draisaitl. En 6 matchs, le duo dynamique des représentants de l’Alberta n’a inscrit que 5 buts en 6 matchs. Pour donner une idée de l’efficacité défensive des Panthers face à McDavid et Draisailt, le duo a quand même réussi près de 28 % des buts des Oilers lors de la finale. La trappe des Panthers contre les deux étoiles a tellement bien fonctionné que Leon Draisailt a notamment multiplié les gestes d’impatience et de colère au cours de la série.
Également, l’échec-avant redoutable des Panthers a semé la panique dans une unité défensive des Oilers davantage reconnue pour les exploits offensifs de ses porte-couleurs. Même si Edmonton avait pu compter sur Andreï Vassilevski ou Connor Hellebuyck devant son filet, son gardien n’aurait pu multiplier les miracles tandis que ses défenseurs n’accomplissent pas leur mission principale : empêcher les occasions de marquer de l’adversaire.
Le dénominateur commun de ces réussites pour les Panthers et ces échecs pour les Oilers : l’équilibre salarial. Selon Spotrac, les Oilers consacraient cette saison 27,75 % de leur masse salariale pour rémunérer Connor McDavid et Leon Draisailt. Ces deux joueurs méritent amplement leur salaire. Mais dans un système de plafond salarial fermé comme celui en vigueur dans la Ligue nationale de hockey (LNH), cela fait que la qualité de la profondeur de l’équipe en prend pour son rhume.
Oui, les Oilers ont d’autres bons joueurs dans leur alignement qui ont permis de les amener jusqu’en finale, comme Corey Perry, Darnell Nurse, Evander Kane ou Zach Hyman (absent en finale en raison d’une blessure). Toutefois, lors de la nouvelle confrontation contre les Panthers, certains, comme Nurse ou Kane, se sont démarqués pour leurs punitions plutôt que leurs exploits respectifs en défense ou en attaque.
Faute de marge de manœuvre salariale, les Oilers ne peuvent disposer d’un défenseur défensif de premier duo ou d’un réel gardien numéro un. Tout le contraire des Panthers. En plus des Reinhart, Barkov et Bennett, ils peuvent compter devant le filet sur l'un des meilleurs gardiens du circuit. De plus, ils ont pu aller chercher Seth Jones et Brad Marchand avant la date limite des transactions et ainsi améliorer leur profondeur. Jones a permis de rendre encore plus redoutable la brigade défensive de la Floride tandis que l’arrivée de Marchand permettait à Paul Maurice de disposer d’un attaquant de pointe sur un troisième trio.
Une leçon encore durement acquise cette saison par les Oilers, mais aussi les Maple Leafs de Toronto.
Deux autres observations
Par contre, comme je l’avais fait dans une précédente chronique, je ne peux cependant féliciter à tout rompre les Panthers. Comme d’autres organisations auparavant, l’équipe de la Floride a profité de failles, selon moi, au système actuel de plafond salarial pour améliorer leur profondeur.
Selon Spotrac, la masse salariale réelle des Panthers est de 99,845 M$, soit plus de 11 M$ au-dessus de la limite de 88 M$ en vigueur cette saison. Grâce à la blessure de Matthew Tkachuk qui est revenu au jeu «par miracle» pour les séries et la suspension pour dopage d’Aaron Ekblad, les Panthers ont pu compléter plusieurs emplettes à la date limite des transactions, comme celles de Jones et Marchand. C’est injuste et la LNH devra remédier à la situation pour empêcher des formations de contourner les règles dès que possible.
Enfin, même si j’adore le hockey et que je comprends que le circuit Bettman veut être visible le plus longtemps possible dans une année, il n’est pas normal qu’une saison se termine le 17 juin. Avec le beau temps, comment garder l’intérêt à son maximum des partisans pour un sport d’hiver alors que la neige a depuis longtemps fondu et que d’autres sports attirent d’autres amateurs pendant cette période (séries de la NBA, début de la saison de la MLS et du football canadien).
Quitte à mettre en place des séries plus courtes, mais plus intenses, pourquoi ne pas viser une fin des séries à la fin mai? Cela permettrait également de créer une période plus longue où les équipes pourraient se préparer au repêchage, effectuer des transactions et signer de nouveaux joueurs avant le trou noir des mois de juillet et août. S’il n’y a pas d’action sur la glace, ce type de mouvements est tout aussi excitant pour les partisans.
Cette chronique fait partie de notre section Opinions, qui favorise une pluralité d'idées. Elle reflète l'opinion de son auteur, pas celle du Journal de Lévis.