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Ce qui explique cette situation, c’est l’augmentation fulgurante des dépenses. «C’est fou comme ça a explosé. En 2021, au niveau de la programmation, qui constitue 29 % des dépenses totales, ça a crû de 172 %. Ce sont les cachets, le taux de change… Tout a explosé après la pandémie. L’autre gros morceau, qui représente 23 % des dépenses, ce sont les frais de gestion et d’installation qui ont grimpé de 64 %», a précisé la directrice développement et services aux entreprises et aux membres chez EAQ, Julie La Roche. Les revenus des festivals, ajoute-t-elle, sont aussi en augmentation, mais pas suffisamment pour contenir le train des dépenses.
Pour l’édition actuelle du FCL, malgré des revenus anticipés de 3,31 M$, les dépenses s’établissent à un peu plus de 3,4 M$, ce qui laisse une prévision déficitaire de 95 000 $ dans les coffres de l’organisation.
Concrètement, ce sont 1,4 M$ qui seront consacrés aux cachets des artistes et les frais de production s’élèveront à 500 000 $. Ces deux postes de dépenses représentent à eux seuls plus de 55 % du budget total.
Les frais destinés à l’aménagement du site et à la sécurité sont évalués, pour leur part, à 450 000 $. «Ce sont des services de première nécessité. […] En ajoutant les frais de production de 500 000 $, tu es presque à 1 M$ et tu n’as pas encore touché à l’expérience client, tu as répondu aux besoins de base», a soutenu le directeur général du FCL, Guillaume Laflamme.
Parallèlement, l’organisation a investi 100 000 $ dans l’amélioration du terrain municipal qui accueille le festival.
Le financement
Selon EAQ, les recettes d’activités (billetterie, restauration, marchandise) constituent la principale source de financement des événements (42 %), suivent les commandites (25 %) et les subventions (24 %). Par ailleurs, ce sont les événements de la région de Québec qui dépendent le plus fortement des subventions. Elles représentent 48 % des revenus alors que ceux générés par les commandites et les activités représentent 22,6 % et 22,3 %.
Du côté du FCL, on estime que le soutien financier est de 20 % à 35 % inférieur à la moyenne provinciale. En 2024, ce sont les revenus autonomes qui occupent la plus grande part de leur financement, soit 92 %. Les aides des paliers municipal, provincial et fédéral représentent pour leur part 8 %. Et, elles font toute la différence à la billetterie.
«Si le Festival d’été de Québec perdait toutes ses subventions, le laissez-passer ne serait pas à 165 $ pour 10 jours. Ça tournerait peut-être autour de 350 $. Le Bluesfest d’Ottawa, avec une programmation semblable, a un laissez-passer qui coûte de 300 à 400 $», a illustré Guillaume Laflamme.
Ce dernier fonde beaucoup d’espoirs dans les redevances que les municipalités et la MRC recevront pour les éoliennes. Il espère qu’une partie du financement qui sera réservé à la culture aille aux festivals.
Actuellement, le FCL travaille au renouvellement de l’entente de financement avec la Municipalité de Saint-Agapit. Bien que les retombées soient palpables, Guillaume Laflamme déplore qu’il y ait encore certaines hésitations chez les élus. «On fait notre présentation, on montre les chiffres et on nous dit “qu’il y a des citoyens qui nous demandent ce que le festival rapporte à Saint-Agapit”.»
Ce questionnement, le maire, Yves Gingras, confirme l’avoir reçu de la part de certains citoyens. «Il y a beaucoup de monde qui va au Festival Western de Saint-Tite. Là-bas, il y a des crédits de taxes parce qu’il génère beaucoup de retombées. Nous ne sommes pas rendus là. C’est sûr qu’il faut donner de l’argent. C’est une jeune entreprise et un organisme à but non lucratif. Même la MRC fournit une aide financière.»
Ce dernier confirme également qu’il s’agit d’un atout incontournable pour la Municipalité.
D’ailleurs, elle est en négociation avec le FCL pour la signature d’une nouvelle entente de cinq ans. Depuis 2022, Saint-Agapit a accordé une aide financière totale de 42 000 $ ainsi que des ressources humaines et matérielles.
«La négociation prend plus de temps parce qu’on veut éviter l’interprétation et l’ambiguïté. La Municipalité a le souhait que ce soit très clair pour le prochain conseil», a ajouté Guillaume Laflamme.
Avenir
«Je ne mentirai pas, dans les dernières années, nous avons été approchés par Québec et Lévis. Nous avons eu de longues discussions avec les gens de Lévis, mais on s’est rendu compte que l’on vient de la région et nous ne souhaitons pas quitter Lotbinière», a soutenu M. Laflamme.
L’organisation travaille chaque année à faire grandir le FCL, toutefois elle ne veut pas y aller trop vite. «Nous voulons garantir une bonne expérience aux festivaliers.» L’important, pour le moment, c’est de solidifier les fondations, assure Guillaume Laflamme, afin que le FCL puisse demeurer à Saint-Agapit pour plusieurs décennies encore.
«On n’est pas loin d’une Shania Twain en termes de ce qu’on produit comme artiste, ce n’est pas épeurant, mais ça vient avec un certain prix», rappelle le directeur général du FCL.